Goldbeater

Le niveau technique est excellent, tout comme le choix de l'époque et du milieu et la scénographie associée ou encore l'utilisation de bâtiments miniatures et d'effets qui incorporent des personnages vivants. Même le maquillage prothétique sur le visage de Ladislav Hampl est plutôt balèze. Par contre, l'histoire, les thèmes associés et les personnages fonctionnent moins bien et semblent parfois aussi lourds que le pitoyable titre anglais We Have Never Been Modern. J'ai un problème avec certains aspects moraux du film, qui soit sont présentés comme vierges de problèmes, soit sont tout simplement glissés sous le tapis. Cependant, il s'agit toujours de l'une des œuvres thématiquement intéressantes de la cinématographie tchèque de cette année, bien que selon moi, elle suive un peu l'adage « au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ». [KVIFF 2022]

Bien que les histoires intimistes de reconnexion entre un parent distant et un descendant fassent presque partie des meubles chaque année au festival, au point de me lasser par la surexploitation de la thématique, You Sing Loud, I Sing Louder a réussi à s'extirper de cette léthargie et m'a complètement conquis. On frôle le mélodrame – de justesse. Mais le pas n'est jamais franchi. La chimie entre les personnages du père et de la fille, interprétés par un véritable duo père-fille, fonctionne très bien. Un joli petit film pour lequel il n'y a pas grand-chose à redire. [KVIFF 2023]

La Passion de Dodin Bouffant est, à première vue, un quasi-chef-d'œuvre du genre qu'on pourrait se contenter de qualifier de « gastroporno ». Plus fondamentalement, c'est aussi un film qui aborde tant de sujets intéressants et profonds que toutes les saveurs évoquées durant la projection vous resteront à l'esprit pendant un certain temps. Un drame délicatement réalisé avec des performances d'acteurs magistrales et je ne serais pas surpris si Benoît Magimel remportait un César pour la troisième année consécutive. [KVIFF 2023]

Urotcite na Blaga confirme que Stephan Komandarev maîtrise la représentation des relations sociales au sein de la société bulgare ; ses films sont non seulement éloquents et profonds, mais aussi divertissants, un équilibre pas toujours facile à atteindre. Une longue attente couronnée par un film victorieux au festival de Karlovy Vary et je comprends pourquoi il a été récompensé. [KVIFF 2023]

Bien que les premières réactions festivalières aient porté Past Lives aux nues, cet emportement est un tantinet exagéré et le film a certainement ses quelques passages à vide. Cela dit, il s'agit d'un drame relationnel très bien écrit, lequel se distingue par sa fraîcheur et son authenticité. Et l'utilisation des extérieurs n'y est pas pour rien ; ça faisait longtemps que nous n'avions pas eu droit à un film qui exploitait aussi bien les décors et les monuments de New York dans des perspectives civiles et romantiques. Est-ce donc si difficile ? [KVIFF 2023]

Au cours du film, l'un des acteurs exprime l'idée qu'il est comme dans le documentaire Lost in La Mancha. Et c'est plutôt intéressant, parce que, bien que ce film aspire à capturer la profondeur de l'échec et de la déroute d'un tournage de film tel que justement décrit dans Lost in La Mancha, cette profondeur n'est pas tout à fait ressentie ici, même si les circonstances du tournage problématique du film Costa Brava, Lebanon sont beaucoup plus tragiques et ancrées dans l'histoire moderne. Néanmoins, Dancing on the Edge of a Volcano demeure un documentaire très impressionnant dont le récit dispose pratiquement d'une structure dramatique complète, ce qui en ferait par ailleurs un drame très captivant. [KVIFF 2023]

De l'approche saine du style de vie au lavage de cerveau glacial et au sectarisme, en passant par l'adhésion aveugle aux tendances modernes, Club Zero a une prémisse très divertissante (dans le sens de la comédie noire) et fertile en idées qui, présentée de cette façon, aurait fait un excellent film de 80 minutes. Le hic, c'est qu'il n'a pas la profondeur nécessaire pour soutenir sa durée réelle de près de deux heures. [KVIFF 2023]

Přišla v noci est une comédie noire qui transpose des expériences familiales et relationnelles vécues dans une forme presque horrifique, basée sur la prémisse anecdotique que votre belle-mère vient en visite chez vous. Ici, l'humour et la surprise fonctionnent à merveille. Très probablement le film tchèque le plus intéressant et divertissant de cette année. [KVIFF 2023]

Une œuvre dramatique délicatement réalisée qui explore une série d'événements sous trois angles différents, chacun révélant un fragment de ce qui s'est réellement passé. Petit bémol par rapport à la longueur de la troisième partie qui fait un peu du sur-place après avoir dévoilé toutes ses cartes, mais c'est rattrapé par la conclusion très percutante et sans compromis. [KVIFF 2023]

Qu'est-ce qui fascine les gens chez les tueurs en série ? Et cette exploration intime du mal engendre-t-elle aussi le mal ? Nous obtiendrons (mais pas nécessairement) des réponses à ces questions à travers deux protagonistes féminines dont la psychologie oscille entre une naïveté puérile et un côté énigmatique et ambigu flirtant avec le diabolique. Ce thriller hypnotique et visuellement enivrant sur la fascination pour la brutalité humaine est un spectacle de genre fort, dont peu parviennent à la section compétitive du festival de Karlovy Vary. Plusieurs scènes (notamment celle avec le cosplay dans la salle d'audience) étaient construites si brillamment que je ne me ferais pas prier pour revoir ça sous peu ! [KVIFF 2023]