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Caractéristiques et sous-types des films policiers

Le film policier est un genre cinématographique de fiction qui dépeint le motif du crime sous diverses formes et sous divers angles. Il trouve ses racines dans la littérature policière, qui consiste en des histoires de criminels, de policiers ou de détectives élucidant des meurtres mystérieux, des enlèvements, des vols, etc. Le protagoniste le plus courant des films policiers est donc un enquêteur, généralement un détective de police en civil, un détective privé ou un détective amateur qui s'implique généralement dans des affaires criminelles parce que les circonstances l’y poussent. Plus rarement, les protagonistes sont des policiers en uniforme et d'autres spécialistes, tels que des analystes médico-légaux ou des pathologistes, et éventuellement des personnes exerçant des professions connexes, comme des agents des services secrets ou des journalistes, qui partent seuls, généralement pour tenter de découvrir une affaire juteuse. Dans certains cas, le héros ou l'héroïne sont des victimes d'un crime, qui tentent de se défendre contre leurs agresseurs et de faire face aux difficultés. Face à eux se dresse la figure de l'auteur du crime, généralement un voleur, un meurtrier ou un kidnappeur, qui parfois, au lieu d'être un individu, peut être un groupe de criminels, la mafia ou un gang.

Les films policiers sont basés sur la découverte et l'élucidation progressive d'un crime entouré de mystère. L'auteur du crime peut être inconnu du spectateur jusqu'au dernier moment, et l'histoire culmine avec sa révélation. Cependant, son identité peut aussi être apparente dès le début, et la seule question est de savoir si le protagoniste sera capable de le traquer et de l'attraper. Si jouer avec la tension, tout en l’élaborant, fait partie intégrante de l'histoire, comme c'est le cas pour de nombreux thrillers, drames, films d'horreur et autres genres, les films policiers, en revanche, mettent l'accent sur les aspects criminels de l'histoire, tels que l'enquête, la recherche des auteurs et l'examen des causes du crime. D'où la raison de la popularité durable du genre - la simple fascination pour le crime et la transgression des mœurs sociales, le désir d'endosser le rôle du criminel, l'expérience de situations passionnantes et la confrontation avec des motifs qui excitent la curiosité et sont appliqués à une histoire universelle sur la lutte entre le bien et le mal. En outre, de nombreux films policiers sont inspirés de faits réels, tandis que d'autres sont souvent des adaptations de textes littéraires connus.

Le sous-type le plus courant de film policier est le polar (en anglais, « whodunit »), dans lequel le personnage du détective-narrateur est appelé à résoudre une affaire déroutante, dont la résolution finale dépend de la mise en relation d'un certain nombre d'indices avec des détails apparemment sans importance, conduisant finalement à la découverte du coupable devant le public composé des autres participants à l'action. Dans un sens plus large, le terme « polar » est utilisé pour désigner toute structure narrative consistant à démêler progressivement un état de fait réel, jusqu'alors méconnu. Un autre sous-type est le film de gangsters, dans lequel les principaux anti-héros sont des représentants de l'autre côté de la loi : des truands, des criminels organisés et des membres de gangs qui tentent de fuir la responsabilité pénale de leurs activités. Les films policiers et les films de hold-up tournant autour de la planification et de l'exécution de grands casses sont également courants. Les films de prison, axés sur la vie derrière les barreaux, les révoltes de détenus et les tentatives d'évasion, et les films noirs, qui se distinguent des autres films policiers par leur stylisation formelle et leur atmosphère spécifique, sont également souvent classés dans le genre policier. En ce qui concerne le lien entre le film policier et les autres genres, nous pouvons également parler de drames policiers, de thrillers policiers, de comédies policières et de parodies policières, qui renversent les motifs criminels courants en les utilisant pour divertir le public.


Les films policiers muets

L'ère du muet produisit peu de titres pouvant être considérés comme des films policiers, bien que certaines de leurs caractéristiques soient présentes dans le cinéma depuis ses débuts. Tel est le cas du court métrage The Arrest of a Pickpocket (1895), qui décrit la capture et le menottage d'un pickpocket, ou encore de Sherlock Holmes Baffled (1900), la toute première représentation cinématographique du célèbre détective (confronté à un voleur qui disparaît). D'autres films décrivaient les activités de criminels hors-la-loi, de voleurs et de bandits armés, et un certain nombre de westerns mettant en scène des bandits, des shérifs et des voleurs de trains armés eurent des thèmes similaires (par exemple, Le Vol du grand rapide (1903), le premier western complet de l'histoire du cinéma).

Les films policiers ultérieurs s'inspirèrent de la criminalité urbaine - l'un des premiers fut Coeur d'Apache (1912) de D. W. Griffith, un film de dix-sept minutes sur les gangs de rue, qui se déroulait dans un bidonville de New York. Un thème similaire fut choisi par le réalisateur Raoul Walsh, qui réalisa en 1915 Régénération, qui, avec ses soixante-douze minutes, atteignait déjà la durée d'un long métrage et devint un précurseur des futurs films de gangsters. Satan (1920), quant à lui, se déroulait dans le milieu criminel de San Francisco, dirigé par un nommé Blizzard, gangster sans jambes. Enfin, l'épopée expressionniste allemande : Dr Mabuse : Le joueur (1922) de Fritz Lang, racontait l'histoire d'un grand criminel qui tentait de conquérir le monde.

Dans les années 1920, les films de gangsters en Amérique furent fortement influencés par ce qu’il est convenu d’appeler aux Etats-Unis d’Amérique la « Prohibition », soit l’interdiction de produire et vendre de l’alcool, dont l’intention initiale était de réduire la criminalité, et qui eut l’effet inverse, les contrebandiers, les clans mafieux et les exploitants de bars clandestins profitant de la vente et de la distribution illicites d'alcool. À l'époque, le crime organisé faisait l'objet de films tels que le film muet The Racket (1928) et, surtout, Les Nuits de Chicago (1927), qui connut un succès inattendu et fut le premier film de gangsters officiel de l'histoire, définissant les éléments du sous-genre en mettant l'accent sur un chef de la mafia dans le rôle principal, des ruelles sombres à l'aspect hostile et une intervention policière finale dans laquelle l'anti-héros tragique finissait par tomber entre les mains de la justice. Depuis lors, les films de crime et de gangsters devinrent un genre dominant et immensément populaire du cinéma américain.

Dr. Mabuse, der Spieler (1922)

Dr. Mabuse, der Spieler - Károly Huszár, Rudolf Klein-Rogge, Robert Forster-Larrinaga

 

Les films de gangsters du début de l'ère sonore

L’arrivée du son, par le truchement du cinéma parlant, donna aux films de gangsters (ou de mafia) une dimension supplémentaire, l'atmosphère du monde criminel étant renforcée par les coups de feu et les dialogues en argot cru. La fin des années 1920 et le début des années 1930 virent la sortie de L'Assommeur (1929) et The Doorway to Hell (1930), qui abordaient directement les thèmes de la Prohibition et du commerce de l'alcool, et Les Carrefours de la ville (1931) de Rouben Mamoulian, dont le protagoniste était entraîné dans le monde criminel après avoir commencé à travailler pour un chef de la mafia. C'est l'époque où les cinéastes américains commencèrent à être confrontés à la censure après la mise en place, en 1930, du Code de Production selon lequel le blasphème, le trafic de drogue et la prostitution, entre autres, étaient indésirables sur les écrans de cinéma, et certains États refusèrent également les films montrant une violence excessive. La Grande Dépression frappa également au début des années 1930, entraînant de nombreuses personnes dans des difficultés économiques et de subsistance, ce qui amena la société américaine à penser que les grands revirements de fortune ne pouvaient être obtenus que par des activités criminelles. Les truands et gangsters réels de l'époque, tels qu'Al Capone et John Dillinger, devinrent des célébrités, et les nombreux films de gangsters contribuèrent à la tendance du public à idolâtrer les membres du monde criminel.

Rien qu'en 1931 et 1932, plus de cinquante films de gangsters furent produits. Parmi ceux-ci, on trouvait d'énormes succès comme Le Petit César (1931) de Mervyn LeRoy, qui décrivait l'ascension et la chute d'un chef de la mafia directement inspiré d'Al Capone, et L'Ennemi public (1931) de William A. Wellman, dont le principal anti-héros passait du statut de simple tueur à gages à celui de gangster de premier plan. Afin de ne pas trop influencer l'opinion publique en faveur des criminels, L'Ennemi public comportait dans son prologue un avertissement selon lequel les mafieux et les criminels n’étaient pas des héros à acclamer, bien au contraire. Scarface (1932) de Howard Hawks, inspiré d'Al Capone, connut également un grand succès et, outre ses qualités indéniables, se distingua de la concurrence par son haut niveau de violence.

La prohibition prit fin aux États-Unis en 1933 et, un an plus tard, le Code de production fut renforcé, ce qui entraîna un déclin des films de gangsters (la fin de l'intérêt pour le film de gangsters à Hollywood est bien reflétée, par exemple, dans le film Les Fantastiques années vingt (1939) de Raoul Walsh, qui racontait l'histoire d'un vétéran de la guerre devenu contrebandier d'alcool). À partir de ce moment-là, les criminels devaient être dépeints comme des méchants et la loi devait toujours prévaloir, de sorte qu'il n'était plus très à la mode de faire des films avec des mafieux dans les rôles principaux. Malgré cela, les films de gangsters continuèrent à être réalisés et nombre d'entre eux furent très rentables ; cependant les criminels étaient désormais relégués à des rôles secondaires dans la plupart d'entre eux et les personnages principaux devinrent des détectives et des représentants de la loi. Ces règles restèrent en vigueur jusqu'en 1966, date à laquelle le Code de Production fut aboli et remplacé en 1968 par la classification des films de la MPAA, toujours en vigueur aujourd'hui.

Scarface (1932)

Scarface - Edwin Maxwell, C. Henry Gordon, George Raft, Paul Muni

 

Les films de prison et autres films policiers des années 30

Alors que les films de gangsters reflétaient de manière réaliste l'atmosphère de déchéance et de crise des années 30, les films de prison et leurs protagonistes reflétaient un monde spécifique clos, dans lequel le système et la justice semblaient encore fonctionner parfaitement. L'émergence de ce sous-genre fut déclenchée par l'incendie de la prison de l'Ohio en 1930, au cours duquel plusieurs centaines de détenus furent brûlés vifs, ce qui conduisit certains cinéastes à dépeindre les conditions inhumaines qui prévalaient dans de nombreux pénitenciers. Certains films se déroulèrent à l'intérieur des prisons, avec des détenus portant des uniformes rayés et vaquant à leurs occupations quotidiennes (par exemple, The Big House de 1930, qui traitait de la répression d'une émeute dans une prison). D'autres privilégièrent les lieux en plein air, avec des prisonniers enchaînés contraints à des travaux forcés sous un soleil de plomb (comme Je suis un évadé de 1932, qui mettait en scène un autre motif courant dans les films de prison : l'évasion). Ces films furent suivis, entre autres, de Le Code criminel (1931), Day of Reckoning (1933) et Le Révolté (1937).

En outre, les films mettant en scène un détective sino-américain nommé Charlie Chan devinrent populaires. Plus d'une douzaine d'entre eux furent tournés dans les années 1930 (par exemple Charlie Chan in London en 1934, Charlie Chan en Egypte en 1935 et Charlie Chan’s Secret en 1936). Leur succès incita les studios rivaux à créer des séries de films similaires en plusieurs parties, mettant en scène des enquêteurs asiatiques, comme Mr Moto (Think Fast, Mr Moto, 1937) et Mr Wong (Mr Wong, Detective, 1938).

L'avocat d'investigation Perry Mason (1935, The Case of the Curious Bride), le reporter Torchy Blane (1937, Smart Blonde) et le détective Philo Vance (1929, The Canary Murder Case) apparurent également sur le grand écran à plusieurs reprises. La série de films Thin Man sur le détective Nick Charles, interprété par William Powell (1934 : L'Introuvable, 1936 : Nick, Gentleman détective), qui combinait intrigues criminelles et comédie, connut également un grand succès. Le Bataillon des sans-amour (1933), contribua à modifier la tendance des films de prison, en présentant un drame policier sur de jeunes délinquants dans un centre de détention. Dans La Forêt pétrifiée (1936), Humphrey Bogart (l'un des acteurs les plus actifs et les plus populaires des années 30 et 40) incarnait un meurtrier inspiré de John Dillinger, et Invisible Stripes (1939), décrivant les destins divergents de deux prisonniers libérés, illustrait l'impossibilité pour les anciens détenus de reprendre une vie honnête.

La Forêt pétrifiée (1936)

La Forêt pétrifiée - Bette Davis, Leslie Howard, Humphrey Bogart

 

Le film noir et ses prédécesseurs

Le terme "film noir" fut utilisé pour décrire les films présentant certaines caractéristiques de style et de contenu des films policiers américains, en particulier dans les années 1940 et 1950. À cette époque, le cinéma était encore influencé par la vague de films de gangsters des années 30 (criminels et détectives, armes à feu, boîtes de nuit et bars, villes modernes aux ruelles sombres, hôtels délabrés, voitures, alcool...), et la Seconde Guerre mondiale laissait également des traces, apportant des sentiments de confusion, de peur et d'anxiété. Le film noir réussit à refléter cet état d'esprit grâce à son atmosphère cynique et pessimiste, complétée par la corruption omniprésente, la désillusion et la paranoïa causées par le début de la guerre froide.

Parmi les autres influences importantes du film noir, citons l'expressionnisme allemand (notamment en termes de composition et d'utilisation de l'ombre et de la lumière), le réalisme poétique français et le néoréalisme italien (certains réalisateurs étaient des immigrés européens), les romans policiers grinçants d'auteurs américains (notamment James M. Cain, Raymond Chandler, Cornell Woolrich et Dashiell Hammett), mais aussi les techniques formelles et narratives innovantes utilisées dans Citizen Kane (1941) d'Orson Welles, notamment la narration par flashbacks. Le héros (ou anti-héros) typique de ces films était un détective privé, souvent un ancien combattant, une personne ordinaire en marge de la loi ou une innocente victime des circonstances. Un autre personnage essentiel était souvent une femme séduisante et fatale (la "femme fatale"), dans un rôle principal ou secondaire, qui incitait perfidement le protagoniste masculin à participer à un crime et enrichissait le film des thèmes de l'amoralité et de la sexualité, mais aussi du calcul et de l'intrigue.

Bien que Le Faucon maltais (1941) de John Huston, avec Humphrey Bogart dans le rôle d'un détective privé devenu suspect de meurtre, fut généralement considéré comme le premier film noir officiel, de nombreux films antérieurs présentaient certaines des caractéristiques du genre. Les Carrefours de la ville (1931) de Rouben Mamoulian, par exemple, fut souvent cité comme l'un des précurseurs du film noir, tout comme la trilogie Furie (1936), J'ai le droit de vivre (1937) et Casier judiciaire (1938) de Fritz Lang, qui aborde les thèmes de la réinsertion des anciens détenus dans la société et des fausses accusations de personnes jugées à tort par une communauté indignée. L'Inconnu du 3ème étage (1940), mettant en scène le témoin d'un meurtre, hanté par des doutes sur l'identité du tueur, présentait également des qualités de film noir.

Le Faucon maltais (1941)

Le Faucon maltais - Humphrey Bogart

 

Représentants notables du film noir

L'un des films noirs les plus influents fut Assurance sur la mort (1944) de Billy Wilder, nommé sept fois aux Oscars, qui racontait l'histoire d'une femme endurcie qui, avec son amant, un agent d'assurance, décidait de tuer son mari pour s'enrichir grâce à son assurance-vie. Billy Wilder réalisa ensuite Le Poison (1945), qui remporta quatre Oscars ; Le Gouffre aux chimères (1951), l'histoire d'une manipulation journalistique ; et, surtout, le célèbre Boulevard du crépuscule (1950), un portrait satirique des coulisses d'Hollywood sur la superficialité de la célébrité et des stars de cinéma fanées, qui obtint trois de ses onze nominations aux Oscars. Une autre figure importante du film noir fut l'acteur, réalisateur et scénariste Orson Welles, qui réalisa, entre autres, Le Criminel (1946), La Dame de Shanghai (1947) et La Soif du mal (1958), dans lequel il incarnait un shérif sans scrupules adaptant les affaires sur lesquelles il enquêtait à son propre goût. Welles joua également le rôle d'un homme simulant sa propre mort dans le film britannique Le Troisième homme (1949) de Carol Reed, se déroulant dans la Vienne d'après-guerre.

Outre Billy Wilder, d'autres réalisateurs originaires d'Europe se firent un nom à Hollywood grâce au film noir. Robert Siodmak se fit connaître avec Les Mains qui tuent (1944), le premier film noir à présenter un protagoniste féminin, et a ensuite réalisé Les Tueurs (1946), La Double Enigme (1946) et La Proie (1948). Otto Preminger entra en scène avec Laura (1944), sur une enquête de meurtre, et poursuivit sa carrière avec Crime passionnel (1945), Whirlpool - Le mystérieux docteur Korvo (1949) et Mark Dixon, détective (1950). Par ailleurs, La Rue rouge (1945) et Désirs humains (1954) de Fritz Lang furent tous deux des reprises de films français des années 30, et Règlement de comptes (1953) fut un autre de ses films méritant d'être mentionné. Des films noirs furent également réalisés par Edgar G. Ulmer (Détour, 1945), Jacques Tourneur (La Griffe du passé, 1947) et Michael Curtiz, avec Le Roman de Mildred Pierce (1945), racontant l'histoire d'une femme émancipée se lançant dans les affaires à la recherche du rêve américain, avant de décider de se sacrifier pour sa fille, valut à Joan Crawford l'Oscar de la meilleure actrice dans un premier rôle.

Parmi les autres titres notables de l'ère du film noir, citons Les Démons de la liberté (1947), La Cité sans voiles (1948) et Les Forbans de la nuit (1950) de Jules Dassin, ainsi que Né pour tuer (1947) et Nous avons gagné ce soir (1949) de Robert Wise, qui mettait en scène un boxeur sans succès dont le destin est bouleversé par une victoire soudaine. Dans Adieu ma belle (1944) d'Edward Dmytryk, le célèbre détective Philip Marlowe, interprété par Dick Powell, enquêtait sur un meurtre commis lors de la remise d'une demande de rançon pour un bijou volé. Le même personnage fut interprété par la suite par George Montgomery dans La Pièce maudite (1947), Robert Montgomery dans son propre film à narration subjective : La Dame du lac (1947), et Humphrey Bogart dans Le Grand sommeil (1946) de Howard Hawks, qui traitait d'une affaire compliquée de chantage. Dans Le Violent (1950) de Nicholas Ray, Humphrey Bogart jouait le rôle d'un scénariste de cinéma soupçonné de meurtre.

Dans La Nuit du Chasseur (1955) de Charles Laughton, un film visionnaire et visuellement ludique, à l'intrigue criminelle impliquant la recherche d'un butin caché et mettant en parallèle le bien et le mal, comme dans un conte de fées, un méchant diabolique poursuivait deux enfants afin de leur soutirer l'emplacement du butin recherché. Dans Le Facteur sonne toujours deux fois (1946) de Tay Garnett, un couple d'amoureux s'attirait des ennuis en commettant un meurtre ensemble ; dans Gilda (1946), une belle chanteuse était responsable de la disgrâce de deux amis ; et dans Le Dahlia bleu (1946), un ancien combattant était soupçonné d'avoir assassiné sa femme infidèle, à son retour du front. Le Démon des armes (1950), un film sur des amoureux en fuite, devint célèbre pour une scène de vol filmée de l'intérieur d'une voiture en une seule longue prise.

Règlement de comptes (1953)

Règlement de comptes - Glenn Ford

 

Polars et autres films policiers des années 1940

En raison des pressions de la censure et des exigences imposées aux films policiers, les réalisateurs durent adapter leurs œuvres afin de dépeindre les méchants comme étant, sans ambiguïté, mauvais et méprisables, et de toujours leur faire payer leurs actions honteuses, tout en louant et en célébrant le travail des forces de l'ordre. Les policiers ne pouvaient pas subir de mort violente à l'écran, de nombreux thèmes étaient interdits ; l'objectif étant de moraliser et de décourager les gens de commettre des actes criminels. Ces tendances étaient déjà en place dans la seconde moitié des années 1930 - par exemple, Les Hors la loi (1935) racontait l'histoire d'agents du FBI poursuivant une bande criminelle et glorifiait leur travail (il fut même utilisé par le FBI comme film de recrutement). Dans Les Anges aux figures sales (1938) de Michael Curtiz, le personnage principal était un prêtre qui, confronté à des gangsters adolescents, diffusait des principes chrétiens et prêchait la voie de la réforme et de la rédemption. D'autre part, ces limitations permirent aux cinéastes d'abandonner le modèle d'intrigue classique de "l'ascension et la chute d'un mafioso, qui culmine avec son emprisonnement ou sa mort misérable", de se livrer à une certaine introspection et de se plonger dans la création d'histoires plus innovantes et plus raffinées.

La popularité des polars conduisit à la création d'un grand nombre de films à intrigue policière, dont certains devinrent la base de séries en plusieurs parties. Par exemple, le détective Nick Carter fut le protagoniste de la trilogie Nick Carter : Master Detective (1939), Sky Murder (1940) et Phantom Raiders (1940), tandis que Meet Boston Blackie (1941) et The Phantom Thief (1946) représentaient Boston Blackie, un détective et ancien voleur de bijoux. Les films mettant en scène des personnes ordinaires poussées par les circonstances (le meurtre de quelqu'un ou une tentative de s’innocenter) à enquêter par elles-mêmes devinrent également des variations du thème du détective. Ce principe était courant dans les films noirs (L'Ange noir de 1946 ou En marge de l’enquête de 1947), mais aussi dans certains thrillers d'Alfred Hitchcock, comme Jeune et innocent (1937), La Cinquième colonne (1942), La Main au collet (1955) et Le Faux coupable (1956), qui s’inspira de faits réels. Dans Mort à l'arrivée (1949) de Rudolph Maté, un comptable en vacances tentait, dans le temps qui lui reste à vivre, de retrouver l'homme qui l'avait empoisonné pour une raison inconnue.

Le film Dix petits indiens (1945) fut la première adaptation du roman éponyme d'Agatha Christie, dont le concept d'histoire attrayant, basé sur un groupe de personnages partageant un lieu isolé où quelqu'un les tue un par un, devint le modèle et l'inspiration d'un certain nombre de films ultérieurs. En revanche, les polars tels que Crime Doctor (1943) et Mysterious Intruder (1946) furent des adaptations de pièces radiophoniques. Charlie Chaplin créa une combinaison inhabituellement ludique de film policier et de comédie noire dans Monsieur Verdoux (1947), dans lequel il jouait le rôle principal d'un escroc de mariage qui trompait, volait et assassinait des femmes. Feux croisés (1947) est l'un des rares films policiers qui traita également de la question du racisme (dans ce cas, l'antisémitisme était le motif du meurtre sur lequel portait l'enquête).

Feux croisés (1947)

Feux croisés -

 

Films de casse et autres films policiers des années 1950

Le terme "film de casse" est utilisé pour décrire les films qui tournent autour de grands casses réalisés par une équipe de voleurs rusés. L'exécution du casse s'accompagne souvent de préparatifs élaborés, du démantèlement des relations entre les différents acteurs et, à la fin, d'un succès triomphal ou d'un échec aux conséquences fatales. Les premiers films de casse furent, de surcroît, réalisés à une époque où Hollywood devait adopter une position clairement négative à l'égard des activités criminelles, et la plupart d'entre eux se soldaient donc par un échec pour les voleurs. Le précurseur de ce sous-genre fut L'Enfer est à lui (1949) de Raoul Walsh, dont l'anti-héros principal était un gangster dépendant de sa mère et désireux de se venger, qui, au cours du film, en plus de s'évader de prison, commettait des vols avec sa bande. Quand la ville dort (1950) de John Huston fut le film de casse par excellence, avec son histoire d'un gang de voleurs dont les querelles personnelles faisaient échouer le vol d'un million de dollars.

Il fut rapidement suivi par Armored Car Robbery (1950), dans lequel un quatuor de criminels compliquait de façon inattendue son ambitieux projet de vol d'un véhicule blindé transportant un demi-million de dollars, puis par la comédie britannique De l'or en barres (1951), qui racontait l'échec d'une opération de contrebande d'or volé. Quelques années plus tard, l'indémodable L'Ultime razzia (1956) de Stanley Kubrick mettait en valeur l'histoire de la planification et de l'exécution d'un grand casse avec une structure narrative non linéaire et des perspectives alternées. La tendance britannique à mêler l'intrigue d'un casse à l'humour fut suivie par Tueurs de dames (1955), qui racontait l'histoire d'une bande de cambrioleurs préparant un casse élaboré dans l’appartement sous-loué à une propriétaire âgée, auprès de qui ils se faisaient passer pour un quatuor à cordes. La comédie policière L’Inconnu de Las Vegas fut réalisée en 1960, avec Frank Sinatra et ses amis dans le rôle d'une grande bande de voleurs qui décidaient de dévaliser les plus grands casinos de Las Vegas.

Parmi les autres films policiers exceptionnels des années 1950, citons Histoire de détective (1951) de William Wyler, qui se déroulait dans un commissariat de police au cours d'une journée, et La Maison des otages (1955), qui racontait l'histoire d'un trio de criminels fuyant la police et prenant une famille en otage dans leur maison. Tout aussi remarquable fut : Témoin à charge (1957), de Billy Wilder, nommé six fois aux Oscars, qui clôturait, par une série de rebondissements surprenants, le procès d'un homme soupçonné de meurtre. Les intrigues criminelles abondaient dans les thrillers d'Alfred Hitchcock tels que L'Inconnu du Nord-Express (1951), sur la rencontre fortuite de deux passagers qui conspiraient pour commettre deux meurtres, Le Crime était presque parfait (1954), qui associait une tentative de crime parfaitement planifiée à une enquête policière, et Fenêtre sur cour (1954), nommé quatre fois aux Oscars, sur un couple qui croyait qu'un de ses voisins avait tué sa femme. Anatomie d'un meurtre (1959) d'Otto Preminger tournait, lui, autour du cas d'un lieutenant accusé du meurtre d'un homme qui avait violé sa femme.

Le Crime était presque parfait (1954)

Le Crime était presque parfait - Grace Kelly, princesse consort de Monaco, Anthony Dawson

 

Déclinaisons du film noir : post-noir, néo-noir et rétro-noir

La période d'apogée du film noir se termina dans la première moitié des années 1950 (l'une des raisons en fut l'avènement de la pellicule couleur et de la télévision couleur), mais des films de ce type continuèrent à être réalisés, bien que dans une moindre mesure. Le dernier film noir classique fut généralement considéré comme étant La Soif du mal (1958) d'Orson Welles, et, partant, les films ultérieurs furent donc qualifiés de « post-noir » (ou noir moderne), avant d’être ensuite divisé en deux groupes : « rétro-noir » et « néo-noir ». Le rétro-noir est utilisé pour décrire les films qui tentent d'imiter fidèlement le film noir classique des années 1940 et 1950 et qui se déroulent à la même époque. En revanche, le néo-noir est utilisé pour les films qui rendent hommage au film noir classique, peuvent être inspirés visuellement et narrativement par le style, mais ne tentent pas une imitation fidèle et, de plus, se déroulent dans une période complètement différente, souvent au moment de leur création, mais parfois même dans le futur.

Un exemple typique de rétro-noir fut le film Chinatown de Roman Polanski (1974), nommé aux onze Oscars, qui combinait parfaitement les motifs des polars des années 1940, avec les tendances et pratiques cinématographiques des années 1970, dans l'histoire d'un détective privé enquêtant sur une affaire d'infidélité et se retrouvant mêlé à un réseau de fraudes et de scandales politiques. Parmi les œuvres ultérieures de ce type, citons L.A. Confidential (1997) de Curtis Hanson, nommé neuf fois aux Oscars, qui racontait l'histoire d'un trio de détectives à la recherche des auteurs de plusieurs meurtres, The Barber : L'Homme qui n'était pas là (2001) des frères Joel Coen et Ethan Coen, racontant l'histoire d'un coiffeur dont la vie commençait à s'effondrer après une tentative d'extorsion, et The Killer Inside Me (2010) de Michael Winterbottom, qui narrait l'histoire d'un shérif adjoint menant une seconde vie en tant que tueur en série.

En revanche, des films comme Le Privé (1973) de Robert Altman ou Taxi Driver (1976) de Martin Scorsese, qui se déroulaient tous deux dans les années 1970, furent des représentants classiques du néo-noir. Cette catégorie comprend également, entre autres, La Fièvre au corps (1981) de Lawrence Kasdan, qui racontait l'histoire d'un avocat se liant avec une femme mariée et s'arrangeant pour qu'elle assassine son riche mari, Basic Instinct (1992) de Paul Verhoeven, qui racontait l'histoire d'un inspecteur de police à qui la principale suspecte du meurtre faisait tourner la tête, Un plan simple (1998) de Sam Raimi, dont la vie des personnages était bouleversée par la découverte de plusieurs millions de dollars dans un avion écrasé, et, enfin, Memento (2000) de Christopher Nolan, où l'histoire d'un homme souffrant d'une perte de mémoire à court terme et cherchant à venger la mort de sa femme était racontée, de manière innovante, à partir de la fin. Certains films de science-fiction dystopiques, comme Blade Runner (1982) de Ridley Scott et Dark City (1998) d'Alex Proyas, furent également souvent qualifiés de néo-noir.

Chinatown (1974)

Chinatown - Roy Jenson, Jack Nicholson

 

Les années 1960 et la fin du Hollywood classique

Les films policiers des années 1960 s'inspirèrent des traditions de genre et de style des décennies précédentes et se tournèrent volontiers vers le passé. Les efforts infructueux d'Hollywood pour répondre à la baisse significative de la fréquentation des salles de cinéma conduisirent à l'effondrement du système des studios à la fin de la décennie. Cela ouvrit la porte à l'ère du Nouvel Hollywood, définie par l'émergence d'une nouvelle génération de cinéastes qui revitalisèrent le médium grâce à un élan d'énergie créatrice vibrante et une passion pour les valeurs artistiques du cinéma. Une plus grande place fut également accordée aux réalisateurs et producteurs indépendants, ainsi qu'aux films étrangers, qui eurent une influence considérable sur la forme du cinéma américain à cette époque. Bonnie et Clyde (1967) d'Arthur Penn, nommé dix fois aux Oscars, constitua une percée à cet égard. Réalisé peu après l'abolition du Code de Production, il offrit au public un niveau de réalisme, de violence et de sexualité jamais vu auparavant. Inspirée de l'histoire d'amour réelle entre deux criminels devenus célèbres et symboles de la lutte contre le système pendant la Grande Dépression, l'histoire développa la tradition du film de gangsters et l'enrichit d'approches créatives modernes, tant sur le plan technique (cinématographie, montage) que sur le plan des idées, préfigurant le développement du cinéma américain pour la décennie suivante.

Le genre gangster fut également alimenté par, entre autres, Les Bas-fonds new-yorkais (1961), Le Point de non retour (1967) et L'Affaire Al Capone (1967). La lignée des détectives se poursuivit dans des films tels que Tony Rome est dangereux de Frank Sinatra (1967), La Femme en ciment (1968) et Le Détective (1968). Le film de prison le plus marquant de cette période fut Luke la main froide (1967), nommé quatre fois aux Oscars, réalisé par Stuart Rosenberg et mettant en vedette Paul Newman dans le rôle d'un détenu sympathique qui tentait à plusieurs reprises de s'échapper de sa captivité. Le genre du film de casse fut aussi à l'origine de Un Hold-Up extraordinaire (1966) et de Comment voler un million de dollars (1966), qui tournaient autour du vol d'une statuette rare, et de L'Affaire Thomas Crown (1968) racontant l'histoire d'un agent d'assurance soupçonneux à la poursuite d'un voleur de banque. Parmi les autres films qui traitent de grands casses, citons les comédies policières britanniques Hold-up à Londres (1960), L'Or se barre (1969) et Trois milliards d'un coup (1967), réalisé par Peter Yates, qui alla ensuite à Hollywood pour réaliser Bullitt (1968), l'histoire d'un lieutenant de police à la recherche des assassins d'un gangster qui avait fait défection d'une organisation mafieuse. Le réalisateur Don Siegel attira l'attention sur lui avec À bout portant (1964), Un shérif à New York (1968) et Police sur la ville (1968). On peut également citer De sang-froid (1967) de Richard Brooks, basé sur le célèbre roman de Truman Capote, et Dans la chaleur de la nuit (1967) de Norman Jewison, qui remporta cinq Oscars et traitait des questions raciales. Ce film racontait l'histoire de policiers du Sud, aidés par un spécialiste noir des homicides, pour enquêter sur la mort d'un riche homme d'affaires.

Bonnie et Clyde (1967)

Bonnie et Clyde - Faye Dunaway, Warren Beatty

 

Les films policiers français des années 1930 aux années 1980

Outre les États-Unis et le Royaume-Uni, la France a également une histoire relativement longue en matière de cinéma policier, avec des films de ce genre réalisés dès les années 1930, tels que Le Jour se lève (1939) de Marcel Carné ; La Nuit du carrefour (1932) et La Bête humaine (1938) de Jean Renoir. Un certain nombre de films policiers français entrèrent dans la catégorie des films noirs par leur exécution et leurs intrigues, notamment Quai des Orfèvres (1947), Casque d’or (1952) et le film de prison Le Trou (1960). Du rififi chez les hommes (1955), devenu célèbre grâce à son histoire de braquage d'une bijouterie et des dissensions qui s'ensuivaient entre des bandes rivales, fut réalisé par le cinéaste américain Jules Dassin après avoir émigré en France. L'un des visages les plus connus du cinéma policier français de l'époque fut celui de l'acteur Jean Gabin, dont la carrière s'étendit des années 30 aux années 70 - il incarna notamment un gangster influent décidant de subvenir à ses vieux jours en volant des lingots d'or dans Touchez pas au grisbi (1954), avant de devenir célèbre pour son rôle de l'inspecteur Maigret dans une série de romans policiers (Maigret tend un piège en 1958, Maigret et l'affaire Saint-Fiacre en 1959 et Maigret voit rouge en 1963).

Ces films devinrent ensuite les précurseurs des drames policiers du réalisateur Jean-Pierre Melville, qui se fit connaître avec Bob le flambeur (1956), Le Deuxième Souffle (1966), Le Samouraï (1967) et Un flic (1972), entre autres. De nombreux films policiers mettaient en scène les icônes du cinéma français Jean-Paul Belmondo et Alain Delon, qui se rencontrèrent dans le rôle de deux criminels dans Borsalino (1970). Belmondo joua également des rôles de voleurs et d’escrocs dans Le Cerveau (1969), Le Casse (1971), L’Incorrigible (1975) et Hold-Up (1985), ainsi que des rôles de commissaires de police dans Peur sur la ville (1975), Flic ou voyou (1979) et Le Marginal (1983). Delon devint également célèbre pour ses rôles dans des films policiers tels que Le Clan des Siciliens (1969), Deux hommes dans la ville (1973), Les Grands Fusils (1973), Flic Story (1975), Mort d'un pourri (1977), Trois hommes à abattre (1980), Le Battant (1983), Parole de flic (1985) et Ne réveillez pas un flic qui dort (1988).

François Truffaut rendit hommage aux films de gangsters américains avec Tirez sur le pianiste (1960), dans lequel il s'amusait à combiner plusieurs genres, alors que Jean-Luc Godard, avec À bout de souffle (1960), brisait les conventions cinématographiques, ce qui fit de lui un membre éminent de la Nouvelle Vague française. Godard réussit ensuite la déconstruction d'un film de casse, Bande à part (1964), et le film policier de science-fiction Alphaville (1965), situé dans un futur dystopique. Le réalisateur Pierre Granier-Deferre devint célèbre pour ses films policiers : La Horse (1970), Adieu poulet (1975) et Noyade interdite (1987). Il convient également de mentionner la trilogie de comédies policières de Claude Zidi, Les Ripoux (1984), Ripoux contre Ripoux (1990) et Ripoux 3 (2003), avec les légendes du cinéma Philippe Noiret et Thierry Lhermitte dans le rôle de policiers.

Peur sur la ville (1975)

Peur sur la ville - Jean-Paul Belmondo

 

Détectives britanniques célèbres

Certains des détectives privés fictifs les plus célèbres et les plus populaires sont originaires du Royaume-Uni. La romancière Agatha Christie créa les personnages de l'étrange détective belge, Hercule Poirot, et de la vieille détective amateur, Miss Marple ; et Arthur Conan Doyle fut l'auteur de Sherlock Holmes, qui, dès 1923, débuta dans plus de quarante films muets, pour la plupart des courts métrages. Le premier film sonore mettant en scène ce célèbre détective fut Le Retour de Sherlock Holmes (1929). Basil Rathbone interpréta Holmes dans quatorze films (par exemple Le Chien des Baskerville en 1939, La Femme en vert en 1945 et Le Train de la mort en 1946). Les autres acteurs ayant interprété Holmes furent, entre autres, Peter Cushing (Le Chien des Baskerville, 1959), Robert Stephens (La Vie privée de Sherlock Holmes, 1970) et Christopher Plummer (Meurtre par décret, 1979). Holmes fut également le protagoniste de nombreuses séries policières et téléfilms, interprétés par des acteurs tels que Jeremy Brett, Ian Richardson et Benedict Cumberbatch. Le réalisateur Guy Ritchie adopta une approche novatrice dans une paire de films, Sherlock Holmes (2009) et Sherlock Holmes : Jeu d'ombres (2011), dans lesquels il transforma le personnage-titre, joué par Robert Downey Jr., en héros d'action, tandis que Ian McKellen endossa le rôle d'un Sherlock Holmes vieillissant dans Mr. Holmes (2015).

Miss Marple fut interprétée par Margaret Rutherford dans plusieurs films réalisés par George Pollock (par exemple, Le Train de 16h50, en 1961, Meurtre au galop, en 1963 et Lady Détective entre en scène, en 1964). Elle fut également jouée par Angela Lansbury dans Le Miroir se brisa (1980), et interprétée à la télévision par Helen Hayes, Joan Hickson, Geraldine McEwan et Julia McKenzie. Hercule Poirot apparut pour la première fois au cinéma en 1931, dans Alibi, où il fut interprété par Austin Trevor. Depuis, plus d'une douzaine d'acteurs ont interprété le rôle dans de nombreux films, téléfilms et séries, dont Tony Randall (ABC contre Hercule Poirot, 1965) et Albert Finney (Le Crime de l'Orient-Express, 1974, nommé six fois aux Oscars). Il a également été interprété à plusieurs reprises par Peter Ustinov (1978 : Mort sur le Nil ; 1982 : Meurtre au soleil) et Kenneth Branagh (2017 : Le Crime de l'Orient-Express ; 2022 : Mort sur le Nil). Cependant, l'acteur le plus célèbre de Poirot fut David Suchet, qui passa un quart de siècle à l’interpréter dans la série Poirot d'Agatha Christie, avec un portrait du détective populaire devenu iconique.

Le Crime de l'Orient-Express (1974)

Le Crime de l'Orient-Express - Albert Finney

 

La nouvelle vague de films policiers dans le Hollywood des années 1970

Cette nouvelle ère permit aux cinéastes de traiter de sujets qui étaient tabous et interdits dans les décennies précédentes. Les films devinrent plus durs, plus violents, plus réalistes et plus crus, comme le confirment, au début des années 1970, French Connection (1971) de William Friedkin, qui mettait en scène deux détectives sur la piste de trafiquants d'héroïne, ou le cynique L'Inspecteur Harry (1971) de Don Siegel, dans lequel Clint Eastwood incarnait un flic intransigeant qui faisait fi du règlement et de ses supérieurs, chargé d'attraper un mystérieux tireur d'élite. Le réalisateur Martin Scorsese acquit également une réputation considérable, d'abord avec Mean Streets (1973), sur un groupe de voyous d'une petite ville, puis avec Taxi Driver, avec Robert De Niro (1976), encore plus acclamé, dans lequel il examinait l'environnement moralement décadent de New York à travers les yeux d'un vétéran de guerre reclus qui se liait d'amitié avec une prostituée de douze ans et décidait de l'aider. Terrence Malick se fit connaître avec La Ballade sauvage (1973), sur un couple en fuite, et Steven Spielberg travailla sur un thème similaire dans Sugarland Express (1974).

Cependant, le succès public et critique le plus notable fut l'épopée mafieuse dans Le Parrain (1972), réalisé par Francis Ford Coppola et mettant en vedette Marlon Brando et Al Pacino dans les rôles du père et du fils, qui obtint trois des onze nominations aux Oscars, dont celle du meilleur film. Racontant les pratiques mafieuses sous la forme de l'influent clan criminel de Don Vito Corleone, le film dépeignait le réseau complexe de relations et de rituels internes entre les membres de cette "famille" fermée de gangsters, et ouvrit la voie à d'autres films sur les mafieux italo-américains. Il fut suivi par Le Parrain, 2e partie (1974), dans lequel Al Pacino fut rejoint par Robert De Niro dans le second rôle principal. Le film remporta six des onze nominations aux Oscars (dont, à nouveau, celle du meilleur film), ce qui en fait l'une des suites les plus réussies de tous les temps et la première à être récompensée dans une catégorie majeure. Francis Ford Coppola compléta, après une longue pause, la trilogie en 1990 avec Le Parrain, 3ème partie, avec Al Pacino qui reprit son rôle de Michael Corleone vieillissant.

Pacino joua également le rôle principal dans plusieurs films de Sidney Lumet ; dans Serpico (1973), il incarnait un flic incorruptible luttant contre les criminels et la corruption de ses collègues, puis il fut sélectionné pour le film Un après-midi de chien (1975), qui obtint six nominations aux Oscars, dans cette histoire vraie d'un couple de voleurs et d'un braquage de banque raté. Sept statuettes dorées allèrent à L’Arnaque (1973), avec Paul Newman et Robert Redford dans le rôle d'escrocs qui attiraient un gangster redouté dans une course de chevaux trompeuse. Dans Chinatown (1974) de Roman Polanski, Jack Nicholson jouait le rôle d'un détective privé, et il réalisera plus tard sa suite, Two Jakes (1990). Le film de prison Midnight Express (1978) d'Alan Parker fut nommé pour six statuettes, tandis que Papillon avec Steve McQueen et Dustin Hoffman (1973), L'Evadé d'Alcatraz avec Clint Eastwood (1979) et Brubaker avec Robert Redford (1980) se déroulaient également dans des prisons.

Le Parrain, 2e partie (1974)

Le Parrain, 2e partie - Al Pacino

 

Films de gangsters et autres films policiers des années 1980 et 1990

En 1983, Brian De Palma réalisa Scarface, une reprise du classique des gangsters de 1932, déplaçant l'histoire de l'ascension et de la chute d'un mafieux de Chicago à la Floride et ajoutant des thèmes politiques et sociaux contemporains tels que le trafic de drogue et les problèmes des immigrants cubains. Ce film inhabituellement vulgaire et violent, avec Al Pacino en vedette, inspira de nombreux autres cinéastes à réaliser des épopées mafieuses. Quelques années plus tard, Brian De Palma revint au thème du gangstérisme avec Les Incorruptibles (1987), qui obtint quatre nominations aux Oscars pour son récit des années 30, et L'Impasse (1993), dont le protagoniste ne parvenait pas à laisser son passé criminel derrière lui. Sergio Leone réalisa Il était une fois en Amérique (1984) avec Robert De Niro, une fresque monumentale sur un gangster new-yorkais, dont la gestation prit du temps. Au début des années 1990, outre Le Parrain, 3ème partie, il y eut aussi Les Affranchis (1990) de Martin Scorsese, l'un des sommets du genre, sur la vie professionnelle d'un trio de gangsters, avant que Scorsese ne produisit le tout aussi populaire Casino (1995), traitant des coulisses d'un sanctuaire du jeu à Las Vegas. Robert De Niro fit ses débuts de réalisateur avec Il était une fois le Bronx (1993), qui explorait le milieu de la mafia new-yorkaise, et Mike Newell explora le même thème dans Donnie Brasco (1997).

Le thème de la mafia fut repris par le film de Barry Levinson, sur le fondateur de Las Vegas, Bugsy (1991), ainsi que par les frères Ethan et Joel Coen qui, après leurs débuts Sang pour sang (1984) et Arizona Junior (1987), réalisèrent Miller's Crossing (1990), qui se déroulait à l'époque de la Prohibition. Ils devinrent ensuite célèbres avec Fargo (1996), l'histoire d'un travail bâclé par deux gangsters engagés par un concessionnaire automobile pour kidnapper sa femme, et The Big Lebowski (1998), une comédie policière dans laquelle plusieurs amis tombaient accidentellement dans une affaire de chantage. David Lynch entra dans l'histoire avec son drame policier à mystères : Blue Velvet (1986), une satire des petites villes américaines apparemment idylliques cachant un monde de violence, de psychopathes et de perversions sexuelles. Quentin Tarantino devint un cinéaste culte presque immédiatement après son premier film, Reservoir Dogs (1992), récit chapitré d'un vol de diamants raté qui rendait hommage à de nombreuses traditions du genre policier et à ses représentants. Il développa pleinement sa méthode de réalisation dans le patchwork Pulp Fiction (1994) ainsi que dans Jackie Brown (1997), narrant  l’histoire d’une hôtesse de l'air qui décidait d'arrêter de blanchir l'argent de son patron, trafiquant de drogue.

Mississippi Burning (1988) d'Alan Parker fut nommé pour sept Oscars, avec l'histoire d'un couple d'agents du FBI enquêtant sur un triple meurtre sur fond d'émeutes raciales. La comédie policière britannico-américaine Un poisson nommé Wanda (1988), dépeignant l'histoire de quatre voleurs en compétition pour un casse, était en lice pour trois statuettes. Le film policier, réalisé par Jonathan Demme, Le Silence des agneaux (1991), qui rafla cinq Oscars, mettait en scène Jodie Foster, jouant un agent du FBI à la recherche d'un tueur en série, et obligé de travailler avec un psychiatre cannibale joué par Anthony Hopkins, connut un grand succès. Les films de genre qui ont fait date en 1995 sont : Usual Suspects de Bryan Singer, qui remporta deux Oscars pour son enquête sur le massacre d'un bateau de contrebandiers ; Seven de David Fincher, dans lequel les enquêteurs Brad Pitt et Morgan Freeman recherchaient un meurtrier tuant ses victimes selon les sept péchés capitaux ; et Heat de Michael Mann, avec Al Pacino et Robert De Niro dans le rôle de deux rivaux de toujours : un inspecteur de police et le chef d'une bande de voleurs.

Au total, onze nominations aux Oscars furent partagées entre deux films de prison réalisés par Frank Darabont : Les Évadés (1994), qui traitait du destin et de l'évasion d'un employé de banque condamné à tort, et La Ligne verte (1999), sur un ancien directeur de prison se remémorant ses expériences avec des prisonniers et des collègues. Point break extrême limite (1991) racontait l'histoire d'un agent du FBI infiltrant un réseau de surfeurs voleurs ; True Romance (1993) mettait en scène un couple amoureux aux prises avec le monde de la drogue ; Tueurs nés (1994), voyait un couple d'amoureux en fuite laisser un cadavre après l'autre ; et enfin Payback (1999), avec Mel Gibson dans le rôle d'un gangster vengeur qui se faisait voler par ses acolytes, séduisirent de nombreux fans.

Pulp Fiction (1994)

Pulp Fiction - John Travolta, Samuel L. Jackson

 

Films policiers nordiques et autres films policiers européens depuis les années 1990

Parmi les films policiers scandinaves les plus remarquables des années 1990, citons le film suédois Hunter (1996), racontant l'histoire d'un policier sur la piste de son frère, chef d'un gang de braconniers ; le film norvégien Insomnia (1997), qui racontait l'histoire de deux détectives dont l'enquête sur un meurtre est compliquée par l'insomnie de l'un d'entre eux ; et le film danois Pusher (1996), qui traitait du sort d'un dealer tentant de rembourser un dangereux baron de la drogue. Plus tard, le film danois Lumières dansantes (2000), une comédie policière sur un groupe de voleurs de Copenhague, et le film norvégien Refroidis (2014), à l'humour noir, dépeignant le parcours de vengeance d'un conducteur de chasse-neige dont le fils avait été tué par des mafieux, devinrent des représentants éminents du genre.

Parallèlement à la popularité des romans policiers nordiques, leurs adaptations cinématographiques prirent de l'ampleur après 2000. Le film islandais Jar City (2006) mêlait deux histoires connexes, une enquête sur un meurtre et l'utilisation abusive d'informations génétiques. La trilogie Millénium (2009), composée de Millénium, le film ; Millénium 2 - La Fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette ; et Millénium 3 - La Reine dans le palais des courants d'air, mettait en scène un pirate informatique se liant d'amitié avec un journaliste d'investigation alors qu'il enquêtait sur la disparition d'une femme depuis longtemps. Basé sur un livre norvégien, Headhunters (2011) réussit à combiner suspense et humour noir dans l'histoire sanglante d'un dénicheur de talents et d'un voleur d'art à la recherche d'une de ses victimes. Au Danemark, une série de films sur un couple de détectives des services spéciaux rouvrant d'anciennes affaires non résolues connut un énorme succès avec Les Enquêtes du Département V : Miséricorde (2013), Les Enquêtes du Département V : Profanation (2014), Les Enquêtes du Département V : Délivrance (2016) et Les Enquêtes du Département V : Dossier 64 (2018). Il convient également de mentionner la série de films en plusieurs parties sur le détective Varg Veum, qui débuta avec Bitter Flowers (2007).

En Italie, les films policiers furent extrêmement populaires au tournant des années 1960 et 1970 (voir, par exemple, The Violent Four (1968), Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (1970), ou Société anonyme anti-crime (1972)) et les films de gangsters inspirés par les activités de la mafia sicilienne furent également courants (Cadavres exquis (1976), Corleone (1978), suivi, par exemple, de The Bodyguards (1993). Plusieurs réalisateurs suivirent cette tendance au cours du nouveau millénaire : Paolo Sorrentino (Les Conséquences de l'amour, 2004), Matteo Garrone (Gomorrah, 2008), Stefano Sollima (Suburra, 2015) et Marco Bellocchio (Le Traître, 2019), entre autres. En France, la tradition du genre policier se poursuivit avec Les Rivières pourpres (2000), une enquête sur plusieurs meurtres dans les Alpes françaises ; 36 Quai des Orfèvres (2004), la recherche par un couple de policiers des auteurs d'une série de vols à main armée ; et L'Instinct de mort (2008), en deux parties, qui racontait l'histoire de l'un des plus grands gangsters français de tous les temps.

L'Instinct de mort (2008)

L'Instinct de mort - Vincent Cassel

 

Films policiers japonais et asiatiques

Les drames policiers américains inspirèrent certains des films d'Akira Kurosawa, comme Les Salauds dorment en paix (1960) et Entre le ciel et l'enfer (1963), qui était également une adaptation d'un roman policier américain. Par la suite, les films de gangsters et de yakuzas s’imposèrent au Japon, notamment Le Vagabond de Tokyo (1966) et La Marque du tueur, de Seijun Suzuki ; Battles without Honor and Humanity (1973) et Le Cimetière de la morale (1975) de Kinji Fukasaku. Plus tard, Takeshi Kitano deviendra l'un des réalisateurs japonais les plus célèbres du genre avec des films tels que Hana-Bi (1997), Aniki, mon frère (2000) et Outrage (2010), entre autres.

À Hong Kong, les thrillers d'action sur la mafia réalisés par John Woo : Le Syndicat du crime (1986), The Killer (1989), Une balle dans la tête (1990) et À toute épreuve (1992) furent des succès. Les films Police Story (1985) et Crime Story (1993) de Jackie Chan furent également populaires, et la série qui débuta avec Infernal Affairs (2002), dans laquelle les flics et les mafieux envoient chacun un cadet pour infiltrer le camp de l'autre, devint internationalement célèbre (grâce notamment au remake américain de Martin Scorsese en 2006). Le film de Hong Kong City on Fire (1987), qui racontait l'histoire d'un agent de police saisissant l'occasion d'infiltrer une bande de dangereux voleurs de bijoux, fut une révélation dans le genre des films de casse.

En Thaïlande, des films policiers tels que Bangkok Dangerous (2000), dont le protagoniste, sourd, décide d’interrompre sa carrière dans la pègre, par amour, et le film de casse Bad Genius (2017), dont l'intrigue tourne autour de la tricherie aux examens du lycée, connurent un grand succès. En Corée du Sud, certains des films policiers les plus acclamés ont été réalisés par Chan-wook Park (Sympathy for Mr. Vengeance (2002) et Lady Vengeance (2005) ; et par Joon-ho Bong (Memories of Murder (2003) et Mother (2009). Les films de gangsters et de détectives A Bittersweet Life (2005), The Chaser (2008), The Man from Nowhere (2010), J'ai rencontré le Diable (2010) et The Murderer (2010) furent également populaires.

Le genre policier en Inde fut toujours été dominé par deux types de films : les histoires de bandits ruraux (Sholay (1975), La Reine des bandits en 1994) et les films de gangsters se déroulant dans le monde interlope de Mumbai (Zanjeer (1973), Nayakan (1987), Company (2002) et Shootout at Wadala (2013). Il faudrait également mentionner Black Friday (2004) d'Anurag Kashyap, basé sur des faits réels concernant l'enquête sur une série d'attentats terroristes à Mumbai, et Gangs of Wasseypur (2012), une saga épique en deux parties traitant du destin de trois générations de la mafia du charbon dans le nord de l'Inde.

Memories of Murder (2003)

Memories of Murder - Kang-ho Song

 

Les films policiers américains et britanniques du nouveau millénaire

Le réalisateur britannique, Guy Ritchie, s'imposa avec succès dans le genre du gangstérisme, avec son premier film Arnaques, crimes et botanique (1998), suivi de Snatch (2000), au sujet du vol d'un diamant géant, avant de revenir au thème de la pègre dans RocknRolla (2008) et The Gentlemen (2019). Martin Scorsese continua à réaliser des drames liés à la mafia. Après Les Gangs de New York (2002), qui s'inspirait d'une guerre de gangs de rue du XIXe siècle, il réalisa Les Infiltrés (2006), un remake du polar hongkongais Infernal Affairs. Il réalisera ensuite le drame criminel capitaliste et boursier Le Loup de Wall Street (2013), qui, au lieu de l'ascension et de la chute d'un gangster, suivait le destin d'un escroc financier boursier, et l'épopée mafieuse The Irishman (2019), dans laquelle il retrouvait ses acteurs fétiches Robert De Niro, Al Pacino et Joe Pesci, rajeunis par la technologie numérique. Parmi les autres exemples de films de gangsters, citons Les Sentiers de la perdition (2002) de Sam Mendes, Layer Cake (2004) de Matthew Vaughn, American Gangster (2007) de Ridley Scott, Public Enemies (2009) de Michael Mann, Des hommes sans loi (2012) de John Hillcoat, Gangster Squad (2013) de Ruben Fleischer, Strictly Criminal (2015) de Scott Cooper et Live by Night (2016) de Ben Affleck.

Steven Soderbergh réalisa le film policier Traffic (2000), récompensé par quatre Oscars, qui abordait le trafic de drogue sous plusieurs angles, avant de réaliser la comédie policière Ocean's Eleven (2001), remake du film homonyme de 1960. Il resta dans le sous-genre des films de casse, en travaillant sur les suites Ocean's Twelve (2004) et Ocean's 13 (2007), puis sur Logan Lucky (2017). Après s'être fait connaître en tant que scénariste du film policier Training Day (2001), David Ayer réalisa Drsný časy (2005), Au bout de la nuit (2008) et End of Watch (2012), qui mettaient tous en scène des policiers luttant contre le crime dans les rues de Los Angeles. De son côté, David Cronenberg réalisa A History of Violence (2005), l'histoire d'un homme au passé criminel, et Les Promesses de l'ombre (2007), qui explorait le monde des clans de la mafia russe à Londres. Dans Arrête-moi si tu peux (2002), Steven Spielberg s'emparait du destin d'un fraudeur et faussaire notoire ; David Fincher racontait l'histoire d'enquêteurs à la recherche d'un tueur en série notoire dans Zodiac (2007), et Nicolas Winding Refn dépeignant la vie du plus célèbre prisonnier britannique dans le drame criminel Bronson (2008).

Casey Affleck joua un détective de Boston dans le film réalisé par son frère Gone, Baby, Gone (2007) ; Ryan Gosling fit le portrait d'un chauffeur à gages pour des gangs criminels dans Drive (2011), et Jake Gyllenhaal endossa le rôle d'un reporter filmant des vidéos d'activités criminelles, d'interventions policières et d'accidents tragiques pour la télévision dans le polar Night Call (2014). Les frères Joel et Ethan Coen réussirent aux Oscars avec Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme (2007), un crime à suspens sur le thème du western autour de la découverte d'une mallette remplie d'argent, qui décrocha quatre de ses huit nominations. Cinq nominations aux Oscars allèrent à Millénium - Les hommes qui n'aimaient pas les femmes (2011) de David Fincher, tandis qu'American Bluff (2013) de David O. Russell, qui racontait l'histoire du FBI travaillant avec des escrocs pour traquer un politicien corrompu, était en lice pour dix statuettes. Bons baisers de Bruges (2008) a ajouté de l'humour noir au genre policier avec son histoire de deux assassins qui se cachaient pendant la période de Noël, tout comme The Nice Guys (2016), qui racontait l'histoire de deux hommes tombant dans le milieu de la mafia à la recherche d'une jeune fille disparue. Il convient également de mentionner Sin City (2005), très stylisé ; l'une des adaptations de bandes dessinées les plus fidèles de tous les temps, Insaisissables (2013), dont les héros sont un groupe d'illusionnistes de haut niveau réalisant des casses dans le cadre de leurs numéros de magie ; et Baby Driver (2017), dont le montage est subordonné de manière imaginative à une bande-son de chansons.

The Gentlemen (2019)

The Gentlemen - Matthew McConaughey

 

Les séries policières à travers les âges

Les séries policières furent très populaires dès les débuts de la télévision dans les années 1950, et leur roi de ces séries fut Badge 714 (1951-1959), qui fit l’objet de plusieurs remakes dans les décennies suivantes. En son temps, elle définit la forme de la série policière, notamment la structure narrative, les archétypes des personnages principaux et la description de leur travail et de leur environnement, donnant ainsi le ton à bon nombre de ses successeurs. Les séries policières devinrent de plus en plus populaires, les mettant en position dominante sur les autres genres télévisuels. Parmi les autres séries populaires des années 1950, citons Highway Patrol (1955-1959), Markham (1959-1960) et Les Incorruptibles (1959), tandis que les années 1960 et 1970 appartiennent aux séries policières telles que Le Fugitif (1963-1967), Adam-12 (1968-1975), The F.B.I. (1965-1974), Hawaï Police d'état (1968-1980) et Les Rues de San Francisco (1972-1977).

Dans les années 1970, les séries policières telles que Starsky et Hutch (1975-1979), Police Story (1973-1987) et la série britannique Les Professionnels (1977-1983) furent rejointes par des séries de détectives, dont la plus populaire était Colombo (1971-2003), bien que Kojak (1973-1978) et Barnaby Jones (1973-1980) eurent également leurs fans. Les années 1980 virent, entre autres, les séries policières Miami vice - Deux flics à Miami (1984-1989) et Jump Street 21 (1987-1991) et, au Royaume-Uni, Taggart (1983-2010) et The Bill (1984-2010). Également populaires, la trilogie de séries The Adventures of Sherlock Holmes (1984-1985), The Return of Sherlock Holmes (1986-1988) et The Case-Book of Sherlock Holmes (1991-1993). Dans les années 1990, Agatha Christie : Poirot (1989-2013) devint une star du polar, mais les écrans de télévision accueillirent également des séries telles que New York District / New York Police Judiciaire (1990-2010), New York Police Blues (1993-2005), Homicide (1993-1999), JAG (1995-2005) et The F.B.I. Files (1998-2006), ainsi que la saga mafieuse Les Soprano (1999-2007) et les séries policières allemandes Rex, chien flic (1994-2004) et Alerte Cobra (depuis 1996). David Lynch fut lui-même à l'origine de la série policière Twin Peaks, dont les deux premières saisons devinrent iconiques après leur sortie en 1990 et furent suivies d'une troisième saison en 2017.

Peu après le tournant du millénaire, les écrans de télévision accueillirent les héros de The Shield (2002-2008), FBI : portés disparus (2002-2009), Cold Case : affaires classées (2003-2010), NCIS : Enquêtes spéciales (depuis 2003) et la trilogie thématique Les Experts (2000-2015), Les Experts : Miami (2002-2012) et Les Experts : Manhattan (2004-2013). Également populaire, l'héroïne de la série policière Veronica Mars (2004-2019) et des séries Sur écoute - The Wire (2002-2008), Esprits criminels (depuis 2005), Bones (2005-2017) et The Closer : L.A. Enquêtes prioritaires (2005-2012). Dexter (2006-2013) et Hannibal (2013-2015), en revanche, furent racontées du point de vue des méchants, tandis que Sons of Anarchy (2008-2014) traitait des histoires d'un gang de motards dans le monde du trafic d'armes, et que Boardwalk Empire (2010-2014) se déroulait dans le monde souterrain des gangsters urbains pendant la Prohibition. Parmi le grand nombre d'autres séries policières populaires de différents sous-types, on peut citer, par exemple, Castle (2009-2016), Luther (2010-2019), Brooklyn Nine-Nine (depuis 2013) et American Crime Story (depuis 2016).

Sherlock Holmes a reçu un nouveau traitement dans la série Sherlock (2010-2017), tandis que Mob City (2013) et la série britannique Peaky Blinders (2013-2019) évoquaient le monde de la mafia. Le thème de la prison a été exploré dans Prison Break (2005-2017), l'histoire d'un homme emprisonné afin d'aider son frère innocent à s'échapper, tout comme la série australienne Wentworth (depuis 2013), qui se déroulait dans une prison pour femmes. Breaking Bad (2008-2013) était une série révolutionnaire sur un professeur de lycée mourant qui s'associait à un ancien élève pour fabriquer et vendre de la méthamphétamine, dont fut ensuite issue la série Better Call Saul (depuis 2015). Parmi les autres séries phares du genre policier, citons True Detective (2014-2019), Fargo (depuis 2014), Mr. Robot (2015-2019), Mindhunter (2017-2019) et Narcos (2015-2017), une saga réelle sur le monde des gangs de la drogue colombiens.

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