Goldbeater

Cette fois, Flanagan a déçu. J'ai lu l'intégralité de l'œuvre de Poe et justement « La Chute de la maison Usher » est peut-être ma pièce préférée, mais cette minisérie ne reflète en rien l'esthétique d'Edgar Allan Poe, combine très lourdement des éléments choisis de son œuvre sous la forme d'exécutions prévisibles de personnages secondaires et relie le tout avec une intrigue principale dont la résolution finale est vraiment bof. Et autant j'ai beaucoup apprécié les Sermons de minuit superbement orchestrés de Flanagan il y a deux ans, autant j'ai eu du mal à aller jusqu'au bout cette fois-ci. Et cette inclusion omniprésente des séries Netflix présentée comme un coup de poing dans l'œil commence aussi à sérieusement me taper sur le système.

Si c'était un film indépendant sur la possession démoniaque, la plupart des spectateurs l'auraient balayé d'un revers de manche comme un navet inintéressant. Mais pour une tentative de suite de l'un des films les plus célèbres, souvent cité comme le film d'horreur le plus terrifiant de tous les temps, c'est une misérable et indigne abomination qui provoque plus de rires que de terreur tout en maltraitant les personnages originaux (Ellen Burstyn en prend pour son grade, scénaristiquement parlant). Puis, que dire à propos d'un film nommé pour raison commerciale L'Exorciste : …, alors qu'il n'y a pas d'exorciste en vue ? J'espère que cette débâcle va enfin briser le mythe de producteur comme quoi David Gordon Green est un créateur d'horreur talentueux. Parce que non, iI ne l'est pas.

Belle prouesse technique, contenu foireux. Malheureusement, l'élément le moins intéressant du film Frères, ce sont justement les frères titulaires. Le scénario, vu leur nature controversée, n'ose pas aborder leur cas avec une opinion quelconque, laissant le spectateur dans l'ignorance de leurs pensées, émotions, doutes et éventuels regrets (les protagonistes sont simplement vides à l'intérieur ; ils n'ont pas de conflit intérieur ; ils ne subissent pas d'évolution ; ils n'apparaissent pas vivants). Même leur motivation principale est esquissée comme ça, juste pour la forme, semblant abrupte et non résolue. Le film fonctionne mieux dans les scènes avec Tatiana Dykova dans le rôle de la mère tourmentée, laquelle apporte peut-être le seul élément vraiment humain à l'histoire. Étonnamment, le film excelle en ce qui concerne l'action, et la poursuite attendue dans la seconde moitié du film est très dense et captivante, mettant la barre très haut par rapport aux productions tchèques habituelles. Quelle que soit votre opinion sur les frères Mašín, ça vaut le coup d'œil, mais de là à envoyer ce genre de film pour représenter la République tchèque dans la course aux Oscars, il y a un pas à ne pas franchir. [Sitges 2023]

Ce travail, remarquablement stylisé à la manière des films noir et blanc des années 40-50, raconte l'histoire d'un étudiant doué en physique et de son doctorant qui se rendent à une conférence scientifique dans un hôtel cosy dans les Alpes suisses. La conférence prend fin prématurément, tout comme la vie de l'un des participants. Et les événements étranges ne font que commencer. Die Theorie von Allem mélange tout : film-noir, drame de conversation, romance, polar, thriller conspirationniste ou encore film sci-fi/d'horreur sur la métaphysique. Et malgré cette fascinante liste de genres, le rythme est très lent et le spectateur doit se retrouver dans plusieurs impasses avant l'explication finale. Un film difficile à évaluer. Je peux comprendre que pour beaucoup de spectateurs avec une faible patience, ce sera simplement « meh », mais personnellement, j'ai bien aimé – avec quelques ajustements et peaufinages, ç'aurait pu être un excellent film. [Sitges 2023]

Un monde où une mystérieuse épidémie transforme certaines personnes en des animaux variés constitue un thème assez ardu pour une adaptation filmique et je peux imaginer qu'avec une direction incertaine, on pourrait basculer dans le comique involontaire. Cependant, Thomas Cailley a réussi à créer un drame familial captivant qui met en avant les relations entre les personnages et la prémisse du passage à l'âge adulte au-delà des éléments fantastiques. C'est un bon film, mais en raison de sa durée un peu excessive, je ne pouvais m'empêcher d'imaginer comment un tel sujet aurait été traité par David Cronenberg au sommet de sa forme ; un tel film est quelque chose que j'aurais vraiment voulu voir. [Sitges 2023]

Une variation fraîche et filmée avec punch sur les thrillers de type « home invasion », sauf que dans ce cas, au lieu d'une maison, nous avons un bistro où l'héroïne preste son service de nuit. On trouve quelques décisions créatives et raccourcis qui manquent d'aboutissement et trahissent le fait qu'on est face aux débuts d'un réalisateur encore peu expérimenté, mais il s'agit malgré tout d'un thriller de genre très réussi et palpitant, qui divertit sans jamais faiblir et réserve au spectateur plus d'une surprise. [Sitges 2023]

Le documentaire Dario Argento panico suit en deux lignes narratives la vie et la carrière du légendaire réalisateur italien, mais aussi ses efforts actuels pour écrire le scénario de son dernier film. Si vous vous intéressiez déjà de près à Argento, la ligne narrative rétrospective principale du documentaire ne vous apportera pas beaucoup de nouvelles informations que vous ne connaissiez déjà, mais elle ne manquera pas de vous divertir. Par contre, la ligne narrative contemporaine, plus courte, n'offre absolument rien d'intéressant. Un documentaire moyen qui ne fait pas de mal. [Sitges 2023]

Jackdaw, premier long métrage d'un créateur télévisuel, est plus que correct et fait penser à un Drive qui serait filmé dans un quartier nord-anglais. La musique pulsante et la conception sonore réussie détournent un peu l'attention d'un scénario pas tout à fait bien ficelé et qui n'apporte rien de vraiment nouveau, mais l'action fréquente et l'ambiance stylée du film maintiennent constamment l'attention du spectateur. Dommage que plus d'efforts n'aient pas été déployés. [Sitges 2023]

Un polar non conventionnel avec une prémisse intéressante, légèrement sci-fi, qui retourne la perception du spectateur sur le personnage principal. Au vu de son potentiel de série B, peut-être que deux heures complètes n'étaient pas nécessaires, mais il s'agit malgré tout d'un divertissement très solide, rappelant le meilleur de l'œuvre étendue de Takashi Miike. [Sitges 2023]

Un documentaire captivant sur les coulisses de la création du tristement célèbre Star Wars Holiday Special (Au temps de la guerre des étoiles), une œuvre que beaucoup de gens impliqués aimeraient reléguer aux oubliettes et à propos de laquelle George Lucas a légendairement déclaré que s'il avait du temps et une masse, il traquerait chaque copie existante dans le monde pour la réduire en miettes. A Disturbance in the Force examine la constellation de facteurs ayant donné naissance à l'un des éléments de divertissement télévisuel «so bad it's good» les plus fascinants, tout en ne se moquant pas du spécial Noël de Star Wars, mais en le reconnaissant simplement pour ce qu'il est. [Sitges 2023]