Goldbeater

Pour la plus grand partie, Saint Maud est un métrage très réussi qui se présente sous une forme artistique originale style slow-burn horrifique. Il évoque – et cite – par ailleurs le classique Boulevard du crépuscule et divertit grâce à ses prémisses et à la force de ses personnages. S’il n’y avait pas les cinq dernières minutes, dans lesquelles Rose Glass emprunte malheureusement une voie légèrement différente de ce que j’aurais souhaité pour ce film, je serais presque ravi. Je n’en reste pas moins satisfait et apprécie aussi la longueur très conviviale par laquelle aucune scène n’est superflue ou excessivement longue.

Les décors d’époque sont assez réussis, tout comme le milieu qui semble avoir été spécialement conçu pour le genre horrifique, mais ils sont malheureusement gâchés par une structure de film de fantômes totalement éculée qui ne satisfera que les amateurs d’horreur du dimanche. De plus, un message y est inutilement greffé, qui fait la lumière sur ce qui devrait être le sens secondaire lié au titre The Power. La fin du film se noie dans sa grandiloquence et pour moi, ne fonctionne tout simplement pas.

Hunter Hunter est un thriller discret, mais néanmoins surprenant. Il se déroule dans les bois et offre au public une bonne dose de tension et même quelques petites gâteries propres au genre. Mes sentiments plutôt positifs à l'égard du film se sont heurtés à mon antipathie pour les chasseurs de fourrures et autres personnages du genre, donc je ne peux pas dire que j’aie spécialement apprécié les protagonistes principaux, que j’aie été touché par ce qui leur arrivait. Quoi qu’il en soit, Devon Sawa se défend fichtrement bien et mériterait plus de rôles décents.

Un thriller minimaliste qui traite de l’enterrement d’une personne vivante façon E. A. Poe, mais cette fois dans un cadre sci-fi. Notons qu’il n’arrive pas au niveau du thriller Buried réalisé dix ans plus tôt par Rodrigo Cortés, lequel fonctionnait aussi sur base de ses dialogues. Ici, la scénariste dissimule la banalité de l’intrigue en utilisant des astuces faciles, par exemple en jouant sur la perte de mémoire ou encore en dévoilant ses cartes une à une, le contenu de ces dernières pouvant être deviné quelques minutes voire dizaines de minutes avant leur apparition dans le film. Le fait de dévoiler, dans le dernier quart, une partie de l’envers du décor dans lequel se déroule l’action est sympa, mais dans l’ensemble, pas un moment ne m’a amené à retenir mon souffle.

Par rapport à mes attentes très modestes face à ce que je voyais comme une débilité grindhouse, Death Game m’a finalement beaucoup plu. Car malgré les apparences, ce n’est pas du tout un mauvais film. Il s’agit d’un thriller d’épouvante relativement intimiste qui parvient, à partir d’un minimum de personnages et d’une mise en scène pratiquement théatrale, à instaurer un jeu psychologique très suggestif avec quelques idées angoissantes et, surtout, une distribution des rôles principaux de calibre A (Sondra Locke, Colleen Camp, Seymour Cassel). La seule chose qui a pu m’extirper de l’ambiance prenante, c’est la voix doublée de Cassel (l'acteur ayant refusé de participer à la postsynchronisation en raison de désaccords avec les créateurs), mais on finit par s’y faire. En fin de compte, aucun des créateurs du film n’était satisfait du résultat, mais on se retrouve malgré tout avec un spectacle très bien foutu et haut en couleur. En gros, c’est une œuvre qui mériterait d’être remastérisée et redécouverte par les fans de films d’horreur. Et Eli Roth n’a certainement pas poussé les choses dans la bonne direction avec son remake, donc cantonnons-nous à l’original !

Taxi Sofia, c’est une mosaïque d’histoires de chauffeurs de taxi qui réagissent à la situation politico-sociale bulgare actuelle avec son ancrage historique. C’est aussi un film qui divertit énormément par ses dialogues et tout ce qui s’y passe. Les scénaristes y vont peut-être un peu fort par moments et l’idée que le meurtre d’un usurier est débattu à la radio tout au long de la journée m’a semblé absurde, mais c’est le choix des créateurs et je peux l’accepter. Donc pour moi, c’est un film solide et captivant.

Des arts martiaux, l’exploration de terres exotiques, un culte cannibale, des anciens nazis, des zombies bleus, des piranhas et des nichons. Le fantasme absolu de tout féru de séries B ! Et bien que ça n’en ait pas l’air de prime abord, c’est aussi un film tout à fait correct et satisfaisant. La profusion d’idées et les délires incessants offerts par Raw Force sont tels que l’heure et demie du film passe comme un rien. Une kitscherie bourrée d’action et du plaisir à revendre. [FOD 2021]

Une bizarrerie artistico-érotique qui impressionne par ses visuels, où chaque prise de vue est une friandise colorée et ludique. En retirer une intrigue limpide n’est pas chose aisée et on a plutôt intérêt à se laisser porter par les stimulations visuelles, le ton superétrange et l’ambiance psychologiquement suffocante.

Un thème original, une perspective agréablement cynique et une structure remarquable. Puis, une certaine déception. Avec un concept filmique aussi solide et une héroïne principale aussi forte, il est vraiment dommage que le créateur de ce film ait décidé d’y mettre des méchants dignes de personnages animés grotesques à la Looney Tunes et se soit résigné à prendre la moindre décision audacieuse. De plus, c’est le genre de films dont la séquence finale se déroule uniquement avec les idées qui tombaient sous la main des scénaristes sur le moment. C’était correct, mais ç’aurait pu être nettement meilleur !

Voici ce qui ressort de l’attitude d'un cinéaste qui s’imagine déborder de talent au point que tout ce qu’il touche se transforme en or. Sauf qu’en fait non, pas du tout ! À certains moments, je me suis étonné de voir autant d’acteurs de niveau A et me suis dit qu’ils n’avaient pas dû beaucoup réfléchir avant d’accepter leurs rôles. Une prochaine fois, John Turturro ferait mieux de s’exprimer devant la caméra que derrière, parce que c’était vraiment pénible de regarder cette nullité jusqu’au bout !