Le Traître

Que l'espace du cinéma peut-il être remplacé par quelque chose pour regarder des films? Pas du tout - sinon, le spectateur serait privé d'une bande-annonce pour un autre film: dans ce cas, une publicité pour le film "La belle époque" où des retraités créent une agence de voyage dans un studio de cinéma pour revivre les années 70 et vivre leur premier amour... Il a également été prouvé que la maladie d'Alzheimer peut être mieux arrêtée chez les personnes âgées en les plaçant dans des décors d'époque, avec des meubles d'époque, en exposant leurs souvenirs, etc... Bellocchio, bien que dans son âge, ait perdu logiquement une grande partie de son iconoclasme artistique et de ses inventions formelles, ce film n'est pas seulement au-dessus du cinéma conventionnel ordinaire, auquel il appartient dans sa catégorie, mais il fonctionne également comme un hommage historique de Bellocchio à la belle époque du cinéma italien: une combinaison de poliziotteschi et de thrillers politiques et policiers italiens, parmi lesquels Bellocchio a réalisé l'un de ses célèbres films, "La maffia tue à l'heure précise" datant de 1972. Les Italiens prouvent encore aujourd'hui qu'ils sont les meilleurs pour les films américains en Europe. (09/12/2019)

Une excellente reconstitution d'un événement majeur de l'histoire italienne. La toile de fond mafieuse est un sujet passionnant pour les spectateurs, et observer les diverses créations d'acteurs dans les rôles de chefs mafieux est un régal pour les amateurs de drame et de thriller. C'est dommage, cependant, qu'il semble manquer environ un tiers de ce film de trois heures, car nous ne savons pas grand-chose des personnages qui sont débattus en arrière-plan. La plupart des mafieux que le personnage principal bat et que nous voyons ensuite au tribunal (ou ailleurs) sont plutôt des poupées cibles, et leur relation personnelle avec Buscetta, ce qu'ils ont spécifiquement vécu ensemble, nous est inconnue. En dehors de ce handicap, qui peut ne pas déranger certains spectateurs, c'est un travail cinématographique de qualité avec le superbe Pierfrancesco Favino. Personnellement, je préfère cependant des films tels que Suburra, qui, bien que fictifs, sont plus cinématographiques, atmosphériques et dramatiques. [Cannes] (24/05/2019)

Ça commence par une légère confusion due au fait qu’on ne s’y retrouve pas trop dans les personnages et qu'on a du mal à déterminer qui est dans quel camp. Au bout d’une demi-heure, on commence plus ou moins à y voir clair pour ensuite pouvoir apprécier la reconstitution historique de la procédure judiciaire condamnant les boss de la mafia sicilienne – ainsi que l’impétuosité totalement authentique dont ceux-ci font preuve. Le contraste entre l’amoralité des chefs quand ils font perpétrer des meurtres sanglants dans la rue et leurs marchandages complètement absurdes et puérils qui s’ensuivent au tribunal est saisissant. Il est un peu dommage que le fil portant sur la collaboration entre Buscetta et Falcone n’ait pas été élaboré plus en détail (le personnage de Falcone aurait dû avoir plus d’importance dans le film, mais bon, il y a une autre œuvre consacrée à lui, si besoin est). Cela dit, représenter ce procès ancien et de longue haleine dans toute son ampleur et avec autant de fidélité et de cohérence est une prouesse on ne peut plus réussie. Mis à part quelques réserves, je suis satisfait. [KVIFF 2019] (29/06/2019)

Slight disappointment. The Italian mafia and courtrooms are among my favourite subjects, but neither line appealed to me here. The film is too long for my taste, with too many characters to form any kind of relationship with, the verbal shootouts in court have no charge and it doesn't really build up, it stagnates rather. It's watchable, a few sequences weren't bad, but considering the subject I expected something much more vigorous and powerful. (06/02/2020)

The Traitor convincingly shows why certain substances disappear from cinema and are subsequently used by television companies. Marco Bellocchio tries, but capturing the competition of mafia clans and the war of Cosa Nostra against the state apparatus over a period of almost two decades in a single film is not satisfactorily possible. Most highly interesting characters only briefly appear in the film and important events are abbreviated. The main character is observed by the screenwriter with evident empathy, regardless of the fact that his cooperation with justice was purposeful. His opponents are depicted as exemplary monsters (which undoubtedly they were), but the film only marginally deals with Buscetta's colorful register and blood under the nails, and actually only at the very end. Watching it once is fine, but it doesn't make sense to return to the film. Overall impression: 60%. (17/12/2020)