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Il était une fois un pauvre bûcheron et sa femme. Ils avaient plutôt tendance à vivoter, car l’histoire se déroule en temps de guerre et en hiver. Un jour, une petite cargaison précieuse tombe d’un train qui passe et bouleverse leur vie. Je ne veux pas en dire plus sur l’histoire car je pense que si vous ne savez rien du film à l’avance, son développement est assez imprévisible, et c’est ce que j’ai aimé. Tantôt poignant, tantôt dramatique et glaçant... Je pense que l’animation était très bien adaptée à ce genre d’histoire, et le tout est joliment illustré par la partition envoûtante d’Alexandre Desplat. [Festival de Cannes 2024]

Catherine de Saint Phalle, connue sous le nom de Niki de Saint Phalle, était une artiste importante et aux multiples talents, peintre, sculptrice et illustratrice. Elle avait subi dans son enfance de très graves traumatismes qui l’ont conduite à une profonde dépression et à une tentative de suicide. C’est au cours de son séjour en hôpital psychiatrique qu’elle a alors commencé à se consacrer à la création. Niki est la première réalisation de la célèbre actrice Céline Sallette, qui fait preuve dans ce film d’un certain talent et d’un souci du détail. Ce que j’ai trouvé très intéressant, ce sont les scènes où Niki crée ses œuvres, ou quelqu’un les regarde et les évalue, mais le spectateur ne voit pas un seul détail, il n’y a pas un seul plan de son travail... ce qui constitue un formidable appât pour les non-initiés qui ne connaissent pas ses œuvres. Ce qui était bien le cas pour moi, et c'est donc logiquement que j’ai recherché l’artiste sur Google juste après la projection. [Festival de Cannes 2024]

Motel Destino est une histoire d’amour assez ordinaire avec une intrigue mille fois vue et prévisible, qui est juste située dans un environnement moins typique pour nous. La majeure partie du film se déroule dans un hôtel de passe. Le sexe n’est pas tellement visible à l’écran, mais plutôt audible en permanence hors champ (depuis les chambres). Ce film ne me semble pas très intéressant ou original (à l’exception peut-être des gémissements constants), sans grande portée, et je ne vois donc pas vraiment pourquoi il a été sélectionné en compétition officielle pour la Palme d’Or. Ce qui est encore plus surprenant, c’est qu’en 2023, Karim Aïnouz avait également participé à la compétition officielle du festival de Cannes avec Le Jeu de la reine, un film historique psychologique très réussi sur Catherine Parr, la dernière épouse d’Henri VIII. Motel Destino lui est diamétralement opposé (pas en bien, malheureusement), et quand j’ai réalisé que les deux films avaient été tournés par le même cinéaste, j’ai été choquée car j’ai eu l’impression qu’il avait fait cent pas en arrière dans son style et sa profondeur de narration. [Festival de Cannes 2024]

Je sais que ce n’est pas bien de généraliser, mais c’est ainsi que j’imagine vraiment les jeunes de vingt ans aujourd’hui : la triste obsession du profil Instagram ou TikTok parfait… plus il y a de likes, de partages et de followers, plus il y a de gens qui vous aiment. L’illusion parfaite et terriblement dangereuse des réseaux sociaux. La moitié de vos followers vous aimeront au-delà de la tombe, et l’autre moitié aimerait bien vous y mettre eux-mêmes, dans cette tombe... ou du moins vous en menacer. Il y a 50 000 personnes qui vous aiment sur les réseaux sociaux, mais en réalité, personne ne se soucie vraiment de vous. Même Liane est victime de ce monde virtuel et de cet amour virtuel, et elle est convaincue que lorsqu’elle participera à l’émission de télé-réalité « Miracle Island », pour laquelle elle passe un casting, elle sera encore plus aimée. Son nombre de followers monte en flèche grâce à ses histoires provocantes, lui apportant la validation extérieure dont elle a désespérément besoin, car comme nous tous, elle veut juste être aimée... mais à quel prix ? Aujourd’hui, presque tout le monde peut devenir un influenceur, même si son contenu est absolument insignifiant... Où cela va-t-il nous mener ? [Festival de Cannes 2024]

Jérémie arrive dans sa ville natale pour l’enterrement de son ancien employeur, dont il était très proche, et séjourne quelques jours chez l’épouse du défunt, la veuve Martine. Celle-ci est heureuse d’accueillir Jérémie chez elle, mais son fils est contrarié par cette situation. Ce qui semble d’abord être une comédie sympathique glisse rapidement vers le drame policier glaçant et éprouvant, mais conserve une solide dose d’esprit et d’humour jusqu’à la fin. L’un des personnages les plus intéressants du film est celui du prêtre... vous comprendrez pourquoi quand vous verrez le film (si vous le voyez). [Festival de Cannes 2024]

Un film d’animation très mignon sur l’histoire d’un chat solitaire qui doit s’allier à d’autres animaux lors d’une inondation dévastatrice et apprendre à travailler en équipe. Je pense que Flow est très audacieux, car c’est un film muet qui parvient à maintenir l’attention du spectateur sur toute sa durée grâce à une animation agréable et non conventionnelle (bien que parfois imparfaite), à une belle musique et à des personnages animaliers sympathiques qui agissent tantôt comme des animaux, tantôt comme des humains... ce qui est un peu simpliste et banal, mais rend probablement le film plus accessible et plus amusant pour le spectateur. [Festival de Cannes 2024]

Cette année, le festival a projeté plusieurs biopics tels que The Apprentice, Maria et Niki. Et bien que sur le plan technique et scénographique Limonov soit l’un des plus aboutis et des plus authentiques, c’est celui que j’ai le moins aimé. C’est vraiment dommage, parce que les 45 premières minutes sont excellentes et pleines d’entrain, et si les auteurs avaient été capables de maintenir ce rythme jusqu’à la fin, cela aurait été un vrai régal. Mais ce n’est pas le cas, et après cette première heure, le film a commencé à ralentir considérablement et j’ai cessé de l’apprécier. Toutefois, ce qui est vraiment génial, c’est l’utilisation d’une cinématographie granuleuse par endroits, créant l’illusion de séquences d’époque qui semblent réellement avoir été tournées dans les années soixante-dix. Comme je l’ai dit, l’aspect technique du film est vraiment exécuté avec virtuosité. Ben Whishaw est un grand acteur, et son interprétation de Limonov est impressionnante, mais il est vrai que cet écrivain et activiste underground narcissique ne m’a pas touchée, et j’ai suivi son histoire avec un certain désintérêt. [Festival de Cannes 2024]

L’un des films les plus sympathiques et les plus drôles du festival de cette année. Thibault est un chef d’orchestre célèbre qui découvre qu’il a un frère. Jimmy a lui aussi un grand talent musical, mais il n’a pas eu autant de chance quant à l’environnement dans lequel il a grandi, et il n’a donc pas pu développer pleinement ses capacités. Bien qu’ils ne se rencontrent qu’à l’âge adulte, leur relation fraternelle commence peu à peu à s’approfondir et ils constituent l’un pour l’autre un atout considérable, enrichissant leurs vies respectives. Le film est rempli de personnages incroyablement sympathiques et attachants, qui enchaînent les répliques drôles. Je ne peux pas dire que l’histoire dans son ensemble soit particulièrement originale, parce qu’à vrai dire elle est un peu prévisible, mais cela ne m’a pas du tout dérangé. Pour moi, c’était un vrai régal pour l’âme et je suis sortie du cinéma avec le sourire et la larme à l’œil. [Festival de Cannes 2024]

La seule chose que je savais sur Anora avant le festival était qu’il s’agissait de l’histoire d’une strip-teaseuse qui rencontre le fils d’un oligarque russe et que, très vite, ils veulent se marier. Et je pense que c’est à peu près tout ce que vous avez besoin de savoir. Quand le film sortira, allez le voir au cinéma et je vous promets que vous passerez un bon moment. Vous prendrez une bonne dose de drame et de comédie harmonieusement équilibrés. Ce qui m’a semblé très intéressant dans ce film, c’est que je n’ai pas trouvé la plupart des personnages tout à fait sympathiques (ce qui est généralement ce dont j’ai besoin pour qu’un film m’entraîne complètement), mais je l’ai quand même énormément apprécié parce qu’il est joué à la perfection par l’ensemble de la distribution. Je suis donc très heureuse qu’il ait reçu la Palme d’or à Cannes. [Festival de Cannes 2024]

Demi Moore est de retour ! Et dans quel film ! Quand une amie m’a demandé de quoi il s’agissait, j’ai répondu : quelque chose comme La mort vous va si bien, mais en plus moderne, plus dévoilant, plus honnête, plus audacieux, plus cru, plus psychologique, et surtout... plus sanglant ! J’ai passé un moment incroyable, mais en même temps, le film m’a fait réfléchir... Je n’ai pas à me préoccuper du vieillissement pour le moment, mais il arrive, et je suis entourée de femmes qui sont à un stade de la vie similaire à celui du personnage principal (mais qui ne sont pas célèbres), et je peux voir que c’est un lourd fardeau... Le corps n’est plus aussi frais et ferme qu’avant, les hommes ne vous tournent plus autour, et cela peut jouer terriblement avec le psychisme et avec l’estime de soi... Tout cela est parfaitement dépeint, à mon avis. Que dire, le monde a de tout temps mis un accent énorme sur l’apparence, il le fait encore et le fera probablement toujours. Et voilà ensuite qu’un minable comme celui joué par Dennis Quaid décide de vous, de votre valeur et de votre vie : un contraste parfait. Pour moi, c’est l’expérience cinématographique de l’année, que je reverrai volontiers, malgré la surenchère et l’absurdité de la fin. [Festival de Cannes 2024]