Critiques (1)

Dionysos 

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français Un cas concret d'amour non partagé, ou une impossibilité générale des sentiments dans le monde extérieur? Après un échec amoureux, l'héroïne se tourne vers le seul endroit où elle appartient véritablement, celui qui a cessé d'accepter les lois du monde "normal" - et l'asile devient ainsi non pas un lieu où sont relégués les plus misérables, mais un endroit où ceux qui ne peuvent pas accepter un monde sans amour et autres besoins les plus fondamentaux trouvent refuge. Ce sont donc précisément les personnages à la frontière de la "folie" - Carole et l'infirmière altruiste - qui sont capables (ou qui essayent) de vivre véritablement et d'être ouverts aux autres. Et remarquons le comportement des représentants du monde sain - les médecins et la police - qui essaient de tirer les gens de cette "folie" (peut-être bénéfique). Mais la maladie mentale dans le film ne figure naturellement pas seulement dans ce plan positif, il y a toujours, en même temps et tragiquement, côté négatif (comme les auteurs n'ont pas peur de le montrer de manière naturaliste...). Cela met en évidence la ligne socio-critique de Schroeter - la chasse au terrorisme est clairement démasquée comme un comportement tout aussi déviant - principalement parce qu'elle n'hésite pas à se baser sur le témoignage de quelqu'un que l'on a lui-même reconnu comme fou, se démasquant ainsi comme fou lui-même. En fait, la ligne avec le personnel médical et la police montre la logique opposée de l'histoire - Carole veut rester folle, les autres essaient de la convaincre de sa santé = en reconnaissant sa santé, elle reconnaîtrait aussi la santé du monde extérieur, un monde qu'ils considèrent comme le leur. Et nous avons vu que celui-ci est un monde latentément imprégné de folie (c'est pourquoi Schroeter laisse tomber les rideaux de cinéma à la fin) - cet établissement cherche donc à réprimer la folie chez Carole afin de réprimer sa propre folie. ()