Wings of Hope

29 ans après le crash d'un avion dans la jungle péruvienne, Werner Herzog retourne sur les lieux de l'accident accompagné de la seule survivante, Juliane Koepke, dix-sept ans à l'époque du drame. Déterminé à lui faire retranscrire cet épisode traumatisant, le cinéaste signe un film loin de tout sensationnalisme, où l'héroïsme ne cesse d'être mis à distance par les protagonistes. Mise au premier plan dans sa puissance onirique, la jungle semble diriger le récit. Dès lors, la découverte d'un débris de l'avion ou d'une espèce animale procurent une réjouissance certaine. Reposant sur la voix-off du réalisateur, le film est également une vibrante déclaration quant aux potentialités du cinéma. Sa voix exaltante nous exhorte à saisir ce témoignage dans ce qu'il contient de plus intime. Enregistrer toute trace s'apparente alors à une condition sine qua non que chaque expérience fût vécue. Ce pouvoir conféré au cinéma atteint son paroxysme lorsque la caméra rencontre le regard d'une jeune femme indigène. Scruté, son visage fermé esquisse un sourire gêné qui se transformera en rire libérateur. (Visions du Réel)