Critiques (1)

Dionysos 

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français (Ne connaissant pas l'original du livre.) Postmoderne dans sa forme et sa substance, le film est une brillante étude de la subjectivité de l'héroïne principale - ou plutôt des "héroïnes". Le personnage d'Huppert est lui-même divisé en direction des deux autres personnages, avec lesquels elle devient indissociable - si elle perd son rôle de médiatrice avec l'un d'eux, elle se perd elle-même. Et le motif féministe est évident - les deux autres personnages sont des hommes. L'héroïne ne réfléchit pas directement à cette décentration d'elle-même et à sa dissolution dans les autres, mais elle l'inscrit dans l'objectivation d'elle-même sous la forme de ses propres productions littéraires (de nombreux clins d'œil à ses œuvres/des extraits de ses journaux où l'on parle par exemple, dans l'introduction, de ce "lieu où les lieux et le temps se confondent, où je me confonds avec toi et les autres"). Cette effacement des différences légitime également l'effacement "postmoderne" des différences entre rêve et réalité, entre le rêve du film dans le film et la réalité narrative, l'échange des personnages dans la parabole introductive et constitutive du cauchemar (important pour examiner la relation de l'héroïne à son père, qui, d'après ce que j'ai pu rapidement comprendre, joue un rôle plus important dans le livre que celui que j'ai pu observer dans le film, du moins à mon avis). Mais surtout, cela légitime l'art cinématographique de Schroeter, qui sait saisir cette dualité/division de l'héroïne à travers différentes techniques de duplication et de réflexion. /// Ce n'est pas ici le lieu d'examiner les relations entre le langage et la réalité, qui sont importantes pour comprendre d'abord cette objectivation de l'héroïne, (pas seulement ?) à partir de laquelle découle sa relation folle avec la réalité, et ensuite pour comprendre la forme même du livre (également écrit par une femme avant sa mort), voire la forme de ce film. ()