Le Secret de Brokeback Mountain

Ce n’est qu’ici et maintenant que je réalise quel genre d’acteur nous avons perdu en la personne de Heath Ledger. Le Secret de Brokeback Mountain est un « western romantique non conventionnel » magistralement écrit et réalisé, qui a pour cadre des compositions extérieures incroyables, mais qui est en même temps puissamment intime, avec des émotions cachées et la tragédie d’un bonheur inassouvi longtemps tenu à portée de main. Ang Lee guide les acteurs principaux et secondaires dans ses images et ses compositions de montage comme s’il peignait un tableau. Dans une atmosphère de campagne américaine rétro et rude, il compose une mosaïque parfaitement focalisée de désirs et de rêves silencieux, à laquelle les tonalités de la musique subtilement complémentaire de Santaolalla apportent avec hésitation le vent froid de la montagne et la poussière de la prairie. Chaque scène est une étape précisément réalisée d’un point de vue cinématographique dans la construction des personnages et la narration d’une histoire couvrant vingt ans de la vie de deux êtres qui ne pouvaient ni vivre ensemble ni vivre l’un sans l’autre. Et de la vie de ceux qui les entourent, affectés par les tristes événements qui en résultent. ___ Le Secret de Brokeback Mountain m’a démoli par sa conclusion minimaliste de l’histoire dans la forme la plus digne de l’art cinématographique - sans la moindre trace de kitsch ou de larmes arrachées par d’autres moyens cinématographiques que la fin silencieuse de l’histoire hors écran, qui se rattache si fortement aux événements précédents qu’elle vous brise le cœur. Lorsqu’elles sont réussies, comme c’est le cas ici ou dans Call Me by Your Name, ces histoires d’amour homosexuelles tristes ont une base beaucoup plus dramatique, dans la souffrance des personnages face à leurs différences sociales et à leur destin contrarié, que les films conventionnels sur les relations hétérosexuelles. Une autre raison probable est aussi qu’il est beaucoup plus facile de trouver une nouvelle petite amie quand les choses n’ont pas marché avec la précédente que de trouver une connexion forte avec quelqu’un qui fait partie d’un groupe qui ne représente que deux pour cent de la population. C’est peut-être un peu comme si un cinéphile ne tombait sur un film aussi bien réalisé que celui-ci toutes les quelques années. (03/04/2024)

Des bergers/éleveurs de bétail, des dialogues épars et une nature à l’état sauvage – des ingrédients dont je ne suis pas vraiment friand au cinéma. Par contre, le drame relationnel, l’amour non comblé, la douleur qui détruit les cœurs, ça, je prends. Ainsi, la deuxième partie du film s’est beaucoup intensifiée pour moi et m’a offert une autre excellente prestation par ce cher Heath Ledger. Je prends le temps de savourer les films dans lesquels il a joué, d’autant qu’il ne m’en reste pas beaucoup à voir. Voici un film tout en sensibilité pour celles et ceux qui ne sont pas blasés. Et la meilleure scène est celle de l’appel téléphonique avec Anne Hathaway, laquelle a bien entendu joué brillamment. Si ce film avait été tourné de nos jours, je suis convaincu qu’il aurait eu encore plus de succès et d’acclamations. (24/11/2021)

A beautiful film, with haunting images and a slow pace narrative that resonates with my tastes, but it’s missing something for the 5*. First of all, I didn't quite believe the depth of the relationship between the two cowboys. As portrayed by Ang Lee, their sexual bonding seemed to be only a temporary romance, the infatuation of two people in the middle of the loneliness of the mountains, but for it to be such a strong and faithful relationship that is so passionate even after four years filled with marriage and children, there would have to be something more, something that is formed over months and years of living with each other and overcoming obstacles. I missed that, which is why I didn't believe their passionate kissing scene when they meet again, but please take that as a very subjective point of view. Otherwise it will be all praise, because what Ledger and Gyllenhaal do can't be called anything else than an ode to acting, and it’s mainly because of them, the beautiful cinematography and the unobtrusive, but impressive musical score, that this film is worth seeing. But don't expect a whirlwind of emotions, they come out rather subtly throughout the film. (11/03/2006)

Dragged-out like nothing else on earth. Among the plus points we have Lee’s directing in isolated scenes, the acting performances and the believable relations between characters... But everything gets overshadowed by dog-weariness so great, that it doesn’t allow you to immerse yourself in to the movie (or penetrate in this case?). I personally would have appreciated it if Gyllenhaal and Ledger had swapped their roles, because the latter doesn’t fit the silent type at all, even though he does a good job of it. (19/10/2007)

Just like a children's picture book, this picture puzzle is filmed in an incredibly captivating way and the characters stand out beautifully. However, the film completely misses any deeper emotional impact in its picturesqueness, which is unfortunately due to the very careful handling of the provocative subject matter. This is due to the fact that if the relationship had been developed between heterosexuals, it would have been the perfect essence of kitsch, which, with the subject of homosexuality, seems more like a cheap pose than an effort to demystify not only the Wild West and cowboys as tough guys, but homosexuality itself. (05/11/2006)