Critiques (1)

Dionysos 

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français Une synthèse unique de haut et de bas, nihiliste, satirique et ironique envers tout et tout le monde, l'un des films fondateurs du soi-disant cinéma marginal, une catégorie purement brésilienne de films à la frontière de la décadence (ciblée) et de l'underground. Ce film, qui est avant tout une farce anarchique, joue librement avec la forme et le contenu, sans aucune retenue, et ne respecte rien de sacré. Il se situe à la fois à la frontière de la pop-art et de l'avant-garde. Il se moque (tout comme tout le "mouvement" du cinéma marginal) de l'intellectualisme de gauche et du snobisme du légendaire cinéma novo, ainsi que de la police, des criminels, du terrorisme guérillero, de l'armée et de la hiérarchie, ce qui montre que ce film, contrairement à ses homologues occidentaux purement commerciaux, n'est pas simplement un genre en soi, mais qu'avec son nihilisme indiscipliné, il témoigne de manière authentique de l'état de son pays, car à partir de 1964, le pays était sous le régime militaire et à la fin des années 60, le pays se retrouvait lentement mais sûrement emporté dans le tourbillon de la violence politique de l'État et de la guérilla. Mais ce qui attire surtout l'attention, c'est la forme, qui par la combinaison délibérément (mais réfléchie) chaotique des deux lignes narratives principales, les montages qui relient les différentes sources visuelles et sonores (histoire fictive, extraits de films d'époque, musique allant de la musique classique à la pop contemporaine, faux programmes télévisés, etc., etc.) et le ton comique, crée à partir du film, notamment pour les non-brésiliens, une réalité brésilienne unique, même si elle est bien sûr hautement subjective. C'est précisément la combinaison inhabituelle de l'image et du son du film qui lui donne une nouvelle dimension et surtout de nouveaux sens, généralement cyniques et humoristiques. Le film est vraiment, malgré son ironie et son autodérision, un témoignage intelligent de la situation sociale de l'époque - le bandit redouté qui tout au long du film se demande "Qui suis-je ?" est finalement montré comme un homme impuissant, incertain et insignifiant, symbole de la société qui projette ses propres peurs sur lui (les communistes y voient "l'homme du stade ultime du capitalisme", tandis que les conservateurs voient en lui un criminel et un terroriste qui prend aux riches et donne aux pauvres), et la conclusion montre comment le bandit tout-puissant n'est qu'une affaire temporaire dans un pays plongé dans la spirale d'une violence inutile à une échelle beaucoup plus grande. ()