La Califfa

Film très intéressant du point de vue de la relation de l'auteur à son œuvre - ici spécifiquement de la relation de l'écrivain (Bevilacqua a écrit des dizaines (!) d'œuvres de la prose à la poésie, voir par exemple la page Wikipédia italienne), qui s'adresse pour la première fois au cinéma. Et le résultat est étonnamment mitigé. La musique accompagne très souvent bruyamment les scènes, leur donnant une atmosphère mélodramatique, parfois elle est brutalement arrêtée et un silence complet s'installe et nous nous demandons si c'est un effet intentionnel de la mise en scène ou non. De même, la construction de la relation entre le propriétaire de l'usine et l'ouvrière est faite de nombreuses ellipses et allusions et nous devons encore décider s'il s'agit d'une intention ou d'un effet involontaire. Ces défauts ne diminuent en rien la valeur de l'intrigue principale - les luttes des ouvriers en grève contre l'organisation des industriels, capturant la tragédie moderne où personne ne peut échapper à sa position (et à sa fonction) dans les relations sociales, tout comme les héros de l'Antiquité ne pouvaient échapper à leur destin. Nous pouvons seulement nous réjouir que Bevilacqua se soit débarrassé assez efficacement de ces premiers problèmes cinématographiques dans ses films ultérieurs (et parmi les seulement trois films que j'ai vus, il a atteint au moins un - "La Femme de mes rêves" (1985) - avec une poétique cinématographique vraiment singulière). (15/02/2014)