Baal

Schlöndorff conserve ici la tendance de ses débuts de carrière, à savoir se concentrer sur le phénomène de révolte contre la société et ses valeurs, porté par une forte individualité. En s'inspirant de l'œuvre originale de Bertolt Brecht, le film met à jour la révolte du poète qui ne se soumet ni aux conditions dominantes ni aux lois élémentaires de la vie en société - ainsi, dans son diagnostic précis mais aliénant pour les autres, il s'éloigne non seulement des bourgeois ridicules, mais aussi de ses propres amis. En situant la pièce de 1918 à l'époque contemporaine, Schlöndorff évoque chez le spectateur les idées de contre-culture occidentale ou de contre-culture est-européenne (grâce à l'utilisation de la musique folk rock, pour souligner le chœur original de Brecht) - au cœur se trouve une vision étrangement romantique selon laquelle un ivrogne peut se précipiter dans un théâtre de deuxième ordre et commencer à réciter des vers... L'engagement de R.W. Fassbinder dans le rôle principal de Baal a été très heureux - l'enfant terrible du cinéma et de la culture allemande de l'époque correspond parfaitement à son rôle (ce qui est essentiellement anti-brechtien...). (11/12/2015)