De la vie des marionnettes

La structure narrative non linéaire oscillant autour d'un moment fatal sert non seulement à donner vie à l'histoire et approfondir notre connaissance des personnages, mais elle perturbe également notre perception chronologique des événements et remet en question les témoignages subjectifs des héros impliqués. J'y fais notamment référence à un ami psychiatre, dont l'évaluation en apparence objective de toute la tragédie peut facilement être confondue avec la clé du film dans son ensemble. Les frustrations et complexes accumulés au fil des années ainsi que les aspects cachés de la nature humaine forment un schéma intéressant pour expliquer certaines crises de la vie contemporaine, mais dans ce cas, il ne faut pas oublier non plus la ligne d'histoire plus personnelle et selon moi principale du protagoniste - sa relation dysfonctionnelle avec sa femme. L'amour, l'aspiration à fusionner deux identités et le désir de percevoir pleinement l'autre personne d'un côté, et l'incitation perpétuelle à s'éloigner et la volonté de blesser de l'autre côté. Et la solution ? Le héros la trouve dans son rêve (spoiler : "Elle s'est tournée vers le miroir. Elle m'observe dans le miroir. Elle est absorbée par ses pensées, mais respire bruyamment. Je me tiens derrière elle, dans un angle oblique... et je tiens un rasoir dans ma main droite. Elle me regarde tout le temps. Et maintenant, elle me voit vraiment." Et maintenant, elle me voit vraiment. Ils auraient pu se "voir vraiment" seulement au prix de la mort, finalement payée par une victime innocente par hasard). (19/03/2014)