Les Rendez-vous d'Anna

Sans aucun doute, c'est un film qui fait partie de ceux dans lesquels le spectateur doit se plonger, que ça lui plaise ou non (et soyez certains que vous en aurez envie). Ensuite, on peut pleinement apprécier le lent déroulement de la vie et du voyage en train d'une jeune artiste à travers l'Europe, au cours duquel elle ne fait que des liaisons éphémères avec différents personnages masculins, des sentiments brisés presque aussitôt noués. Et la question se pose de savoir ce que ces étincelles peuvent faire naître chez une artiste déjà endurcie par ce mode de vie. Dans l'ensemble, le film peut donc aussi servir de regard accablant sur la vie d'un artiste moderne (même un "artiste" réalisateur doit tenir compte de la promotion marketing...). Le film est absolument crédible (on pourrait dire "inspiré de la vie réelle") malgré sa licence artistique particulière - par exemple, le contraste entre les confessions ouvertes des personnes autour d'Anna et son apparence générale silencieuse et impénétrable ; et bien sûr, la réalisation visuelle du film, dont la profondeur ne peut être saisie que par quelqu'un de "sachant". En tant qu'amateur, je suis condamné à rester muet d'admiration, comme si toutes les peintures du Louvre commençaient à bouger (24 images par seconde). Surtout celles d'Edward Hopper, dont l'esthétique des couleurs a clairement influencé Akerman après son retour des États-Unis au début des années 70. (09/03/2014)