Une femme mariée

Qu'est-ce que Godard a donné de postmoderne et, dans ce cas, surtout aux études culturelles ? La subjectivité de la femme de l'ère post-industrielle de consommation se forme en arrière-plan des discours publicitaires ; la relation avec son propre corps est obtenue non seulement par le toucher d'un amant, mais de plus en plus souvent et de plus en plus par le toucher d'une page de magazine féminin. Le dilemme purement personnel de la femme qui cherche la certitude des sentiments et de l'amour (quel homme est le bon) fusionne avec le dilemme de la femme qui ne sait pas ce qu'elle veut, en général. Le choix entre les hommes et l'impossibilité de choisir - s'orienter dans le monde et l'impossibilité d'avoir son propre chemin immédiat et certain (notre personnage aime la présence). Manifestation : une conversation intime composée d'un mélange de fragments, ne permettant pas et n'offrant pas la certitude de la volonté ; l'intimité de la vie mentale solitaire n'offrant aucun sens certain. Résultat : l'indécision, la passivité, les touchers et les mots éternels n'offrant pas de résolution. Contrairement à ses films ultérieurs, le personnage féminin est représenté de manière ambiguë ici, peut-être plutôt sous un jour positif - bien qu'elle se soumette lentement et inconsciemment à la passivité dans laquelle doit s'affirmer la volonté, non pas la sienne, mais celle d'autrui, et pourtant, dans son dilemme et ses doutes sur le "destin" et le "monde", elle résiste à sa manière./// Godard brise déjà ici de manière géniale la fiction avec un style documentaire distinctif, ou plutôt avec une ethnologie de la société occidentale - médias, publicité, encadrement de certaines scènes, dialogues / interviews. (08/12/2015)