Numéro deux

Drame / Art et essai
France, 1975, 88 min

VOD (1)

Résumés(1)

Devant un équipement vidéo, Godard parle de son travail : un film qui a pour sujet la vie d'un jeune couple, présentée sous forme de tableaux rapides avec des titres et des commentaires. Pierre travaille et sa femme s'occupe de leurs deux enfants. La grand-mère est sans cesse occupée à des tâches ménagères pendant que son mari raconte ses souvenirs de militant de la IIIe Internationale. (Gaumont)

(plus)

Critiques (1)

Dionysos 

Toutes les critiques de l’utilisateur·trice

français « Quelle ombre, quel homme, là, derrière l'image pousse l'image ou la tire ; quel ouvrier hors champ tire ou pousse le chariot de la caméra ? » demande Marcel Hanoun dans son livre « Cinéma cinéaste, Notes sur l'image écrite », 2001, p. 72, de manière symptomatique, un réalisateur de l'art en dehors du courant idéologique dominant, un réalisateur qui n'a jamais connu la frénésie idéologique comme Godard, seulement la frénésie artistique... Comment est-il possible que cet ancien maoïste (1974) ait accroché avec cet amoureux de l'art mourant lentement (2001) ? Non seulement le ciné marxisme, mais tout art véritable se saisit toujours comme quelque chose en devenir ; simultanéité de son identité et de son processus sa création ; conscience de son inconscient = de ses conditions d'apparition - qu'elles soient productives ou créatives. Ce n'est qu'ainsi que naissent les théories scientifiques et philosophiques qui n'oublient pas le monde, et les œuvres d'art qui ne nous obligent pas à oublier la vie. Ce film se positionne donc dans le clivage progressif entre le ciné marxisme de Godard et sa poésie tardive sur l'image cinématographique, comme il l'a fait de la fin des années 70 jusqu'à sa mort, de manière similaire la première période « cinématographique » de Godard dans les années 60, se trouve-t-elle en quelque sorte en contradiction avec ses essais audiovisuels « bavards » ? Il s'agit simplement d'un autre exemple de la fausseté de la pensée selon des catégories temporelles simples, par lesquelles la réflexion sur la cinématographie et la filmologie artistique se satisfont souvent : nous pouvons, au contraire, être encore d'accord avec Hanoun sur le fait « qu’entre écrire avec une caméra et lire un film, il n'y a rien hormis la continuité du regard. » De même, le regard sur l'ensemble des « périodes » de Godard devra les dévoiler comme un mouvement unique continu, celui d'un film vraiment artistique en gestation et en auto-saisie - il s'agira d'un regard difficile, car il appartiendra déjà au « Prolégomènes à toute métaphysique cinématographique future qui pourra se présenter comme science ». Parce que l'époque actuelle, où le conformisme de l'idéologie bourgeoise hégémonique aveugle les spectateurs, des spectateurs ne comprenant pas comment il est possible, dans l'essence, seule et unique essence - même si crée par le réalisateur..., - de relier le film, la sociologie, la réflexion sur la nature du film par rapport à l'image et au son, la vidéo, la naissance des enfants, la pauvreté, la France, le monde, la voix et l'idée avec des réflexions sur la naissance du film que nous sommes en train de regarder (« il y aura toujours ces troupes aveugles tirant sur la lumière », p. 77)... parce que la période actuelle n'est pas encore celle du futur, celle qui comprendra déjà en soi que tout art véritable est également « marxiste » ! Et c'est pourquoi Godard et Hanoun pouvaient être d'accord : « l'image se glisse par une fente de sommeil » (p. 72). Sommeil qui réveille l'inconscient, qui réveille les rêves, qui réveille l'imagination à laquelle nous devons donner tout pouvoir pour que des films comme ceux de Godard, que les gens d'aujourd'hui ne veulent pas comprendre, ou des films comme ceux de Hanoun, qui souvent ne pouvaient pas voir le jour en raison du manque de moyens, puissent naître sans être aussitôt incompris. () (moins) (plus)