Thunder

Takashi Ito, poète vidéo de l'aliénation de l'hyper-réalité, un véritable "horreur" d'aujourd'hui. Le visage réel de la fille caché au regard - et quand le spectateur la voit finalement, il reconnaît en arrière que c'était seulement à la surface d'un média artificiel. Parce que le jeu constant de couvrir et découvrir les mouvements du visage de la fille, ce jeu de mystère et de révélation, de promesse et de réalisation, n'est qu'un fantasme, un simulacre de l'écran de télévision ou d'ordinateur, où notre désir s'éloigne aujourd'hui. Et l'homme qui cherche le vrai visage se transforme dans une recherche frénétique et vaine en une explosion immatérielle et abstraite, circulant en vain autour de l'image de la fille dans "le désert du Réel", tournant éternellement en rond. Ito utilise le motif de la décharge électrique comme métaphore de l'homme moderne dans son œuvre intellectuellement et méthodiquement apparentée "Duch" (mais c'est seulement dans "Hrom" qu'on peut observer et comprendre sa genèse), et "Duch" ajoute une autre dimension à la relation réalité - désir - image : le héros masculin principal, et non seulement l'objet de son désir ici, est pris au piège de l'écran, se décomposant en une série d'objets partiels (yeux, mains, ...). Parce que seul le cercle incessant autour d'objets partiels, de promesses et de boucles répétitives (comme les jeux vidéo et leurs boucles d'action discontinues des personnages programmés) reste au spectateur avant qu'Ito ne révèle finalement que le visage de la fille est insondable dans la réalité. Auparavant, on cherchait Dieu en cela, mais les films d'Ito montrent (observons la progression de la scénographie clairsemée, dont l'apogée est représentée par les murs nus d'un bâtiment en béton servant uniquement à projeter l'image de la fille), que le vide pur se trouve là où nous cherchions... quelque chose ou tout. (01/12/2016)