Résumés(1)

Anita G., 22 ans, a fui la RDA pour l’Allemagne de l’Ouest. Là-bas, sans domicile et sans emploi, elle est condamnée à de la prison pour avoir volé un pull. A sa sortie, la jeune femme tente de se réinsérer dans la société... (LaCinetek)

Critiques (1)

Dionysos 

Toutes les critiques de l’utilisateur·trice

français Ce qui nous sépare d'hier n'est pas un abîme, mais une situation modifiée. L'œuvre de Kluge, depuis son premier court-métrage "Brutality in Stone", a témoigné d'une réflexion critique sur le passé nazi allemand, et en tant qu'élève de l'auteur de "La Dialectique de la Raison", il a toujours encouragé à une vigilance critique égale face aux conséquences de la modernité occidentale tout entière. L'histoire d'Anita déracinée relie les deux motifs, mais heureusement, le film ne cherche pas à être un nouveau Foucault ou Adorno - il n'emprunte pas seulement les procédés formels de la Nouvelle Vague française, mais aussi un regard frais et juvénile qui n'exclut pas pour autant le diagnostic précis. Et le diagnostic posé à travers la société moderne sur l'héroïne principale est clair - la marginalisation d'un individu inassimilable, condamné à essayer en vain de s'intégrer dans un monde où il n'a pas sa place (sauf en prison). L'approche du road-movie permet à Kluge d'utiliser sa construction fragmentaire préférée, les différentes collisions de l'héroïne avec les institutions de la société moderne servant ainsi de cas d'étude, démontrant l'aliénation de l'homme sans capacités ni moyens pour se fondre dans une société qui distribue autoritairement les ressources (Anita en tant que vendeuse ratée), le savoir (étudiante malheureuse), la rééducation et l'élévation morale (mise en liberté sans conscience), l'amour (femme entre les mains d'un homme, qu'elle soit maîtresse ou épouse). Le nazisme n'a donc pas pris fin, mais a survécu et s'est dissous dans une société qui était et reste nazie bien avant la naissance et après la disparition du Troisième Reich. ()

Photos (26)