L'Enfance de Gorki

La trilogie de la révolte d'Alexeï Maximovitch Pechkov contre la misère et la cruauté des gens et de leur monde regorge d'une longue rivière de personnages avec lesquels le jeune Alexeï se heurte dans sa métamorphose de jeune homme en géant de la littérature russe et mondiale, nommé Maxim Gorki. Des rencontres courtes et longues, joyeuses mais surtout douloureuses. Le film est étonnamment assez intransigeant et non opportuniste, contrairement à ce que l'on pourrait attendre d'un film d'un État socialiste : la pauvreté y est certes dépeinte dans toute son horreur, dégradant l'homme, mais pour une grande partie des personnages populaires, le film ne cherche pas de justifications simples, ni d'excuses ni de nostalgie : c'est pourquoi le spectateur sera directement confronté à la perfidie, à la bassesse et à l'insensibilité de ses proches à travers le jeune Pechkov, qu'il s'agisse des représentants de la classe marchande sur la Volga au 19e siècle ou des personnes ordinaires de la foule de notre siècle. Le film représente la culture de la pauvreté sans explications extérieures, et donc fidèlement. Et c'est précisément grâce à cette prise de conscience que Gorki a pu se révolter au nom de l'homme contre la misère qui le détruit irrémédiablement. Et les personnages positifs qui ne font que passer dans le film, tout comme dans la vie, nous montreront à nouveau la raison pour laquelle il avait des raisons de croire en lui-même, laissant une trace plus durable. Le film est à la hauteur de son temps tant d'un point de vue narratif que technique. (13/12/2014)