Le Lit de la vierge

Dans le premier ouvrage de Garrel, "Marie pour mémoire", il s'agit déjà de Jésus traité de manière assez non-conformiste, et ici je suis perplexe quant à la mesure avec laquelle cette parabole clairement traversée par la situation de l'année 1968, finalement non-révolutionnaire, est également conçue comme une mise à jour authentique de la Bible. Mais dans cette indécision - du moins pour moi - se trouve l'un des avantages grâce auxquels même un athée de gauche appréciera le conte néotestamentaire de Jésus-Christ et de Madeleine, et inversement. L'histoire elle-même est également ambiguë: la relation entre Jésus et sa mère (jouée par la même actrice que Marie de Magdala) manifestement marquée par l'Œdipe se déploie tout au long du film, mais dans l'ensemble, ce sont plutôt les scènes/métaphores indépendantes qui dominent, où - comme le dit l'utilisateur boogieman - l'élément audiovisuel est dominant. La caméra de Michel Fournier - également membre du groupe Zanzibar (un autre membre, Frédéric Pardo, a réalisé un court métrage sur ce film intitulé "Home Movie, autour du 'Lit de la vierge'") - associée au son, qui alterne longs moments de silence et rock psychédélique, crée une atmosphère à la fois oppressante et lyrique, entre la réalité difficile et l'espoir et le défi du mythe stimulant. Un film sur la triste et solitaire messianité (des jeunes artistes/des pionniers de la révolution de gauche du groupe Zanzibar et de Jésus-Christ). JEREMIE (06/03/2016)