Le Prix d'un homme

L'homme autodidacte qui, de sa propre force (non métaphoriquement), s'est libéré des tours de mine et des cheminées d'usine, gare sa Jaguar Mk IX devant une maison ouvrière, et la vie pourrait enfin signifier confort, divertissement et liberté. Dans les années 60, à l'époque de la dernière vague de la classe ouvrière britannique, un film sur un mineur qui avait cette vie juste devant lui, qui aurait pu être la confirmation du principe de la méritocratie libérale, mais qui n'a pas franchi la dernière étape. Non seulement on pouvait toujours voir les cheminées d'usine du terrain de rugby (métaphore - le héros principal ne parvenait pas à s'intégrer dans le monde verni et peu sincère des classes supérieures des braves), mais surtout : intégration dans un monde où l'on est respecté seulement autant que votre dernier but, comme il est justement écrit ci-dessus, n'offre qu'une seule chose - une affection superficielle/intéressée/personnelle/etc. de quelqu'un que vous n'estimez pas, alors que le personnage principal ne désirait dans sa vie qu'une seule personne, qui, finalement, ne l'a pas désiré. Le point culminant mélodramatique et tragique non seulement du personnage principal, mais de toute la vieille bonne classe ouvrière anglaise - elle voulait dans la vie non seulement le confort, mais aussi l'authenticité (ici : la veuve Margaret Hammond), qu'elle n'a pas obtenue. En revanche, dans l'histoire réelle, Margaret H. ne l'a pas obtenue, mais environ une génération plus tard, Margaret T. l'a obtenue. Et Thatcher non seulement a donné à la classe ouvrière une nouvelle mise à jour de ce rêve méritocratique illusoire, mais elle a également rendu difficile, voire détruit, la possibilité d'obtenir la veuve Hammond. /// P.S. Assurez-vous de regarder le film en version originale, vous apprécierez ainsi le merveilleux dialecte yorkshirien, où entre autres, les mots comme "sunshine" ou "mum" se prononcent avec [ʊ] plutôt que [ə]! (14/02/2015)