Nocturno 29

  • Espagne Nocturno 29
Mystère / Horreur / Drame
Espagne, 1968, 86 min

Réalisation:

Pere Portabella

Photographie:

Luis Cuadrado

Musique:

Carles Santos
(autres professions)

Critiques (1)

Dionysos 

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français Parfois, comme l'a écrit un poète-réalisateur italien, il est « nécessaire d'être fou pour être clair » (Pasolini, « Les cendres de Gramsci »), et dans cette obscurité, allant de pair avec la clarté, les crépuscules et les lueurs nous livrent le noir et blanc d'un film dont l'esthétique souveraine libère l'Homme de la dictature politique et logocentrique du nocturne. Dans un monde où le langage est enfin révélé comme une absurdité sporadique, jetant un sourire déformé impuissant sur la liberté du flux d'un film volontairement aphasique, personnifié par le mouvement sans but de l'héroïne, le spectateur ne peut éviter de se lamenter sur le fait que, dès le début, nous savons délibérément que nous ne sommes que spectateurs d'une construction qui nous rappelle que la chute de Franco n'était qu'un rêve au moment du tournage, dans lequel nous sommes tombés, et que la chute de notre réalité conventionnelle bourgeoise est toujours hors de portée aujourd'hui. Ce film est irréductible à ses proches parents: la révélation surréaliste des laideurs frappantes de la bourgeoisie et des fantômes du pouvoir à la manière de Buñuel, l'absurdité de la communication perdue à la manière de Beckett, le voyage « obscurci » à travers le désert existentiel à la manière d'Antonioni, et enfin, par moments, une préfiguration de l'humour surréaliste à la façon des sketchs des Monty Python. ()