Father and Son

L'expression "inceste spirituel" est pertinente, mais on peut aller plus loin et se poser la question - pourquoi, lorsque nous observons deux hommes à moitié nus en étreinte étroite, lorsque nous voyons à travers des plans détaillés et des contre-plans leurs regards amoureux silencieux, pourquoi, lorsque tout le film baigne dans une lumière douce du soleil et est teinté de couleurs chaudes comme un feuilleton paraguayen, pourquoi, lorsque joue une musique lyrique d'un célèbre homosexuel russe Tchaïkovski (et Sokourov nous le balance directement à la tête avec cette information), pourquoi ne sommes-nous pas prêts à supposer ce que nous supposerions automatiquement dans n'importe quelle autre relation ? Pourquoi ne percevons-nous pas la relation entre ces deux personnages comme homosexuelle, même s'ils évoluent dans un monde exclusivement masculin (les très rares personnages féminins sont symboliquement et physiquement séparés des personnages masculins - comme la petite amie du fils / à travers la fenêtre, le balcon /) et sans connaître le titre du film ou en ne prêtant pas attention à la façon dont ils sont appelés, nous les verrions comme appartenant à une minorité sexuelle ? Ainsi, dans le film, ceux qui le souhaitent peuvent tout aussi bien lire un drame humain intime que jouer avec les attentes culturelles et sociales des spectateurs, qui, pour des raisons civilisationnelles, empêchent d'envisager autrement une résolution logique de l'intrigue et suscitent des sensations désagréables par le retour des forces psychologiques refoulées. (24/02/2015)