Né le 6 octobre 1944 sur les hauteurs de Bab-El-Oued, à Notre Dame d’Afrique, Merzak Allouache entame ses études de cinéma à l’Institut National du Cinéma (INC) en 1964, deux ans après l’indépendance. Il y réalise son film diplôme, Croisement, puis un court métrage, Le Voleur. Après la fermeture de l’INC, il est envoyé à Paris pour finir ses études à l’IDHEC (aujourd’hui la Fémis). De retour en Algérie, il intègre quelques mois l’Office des Actualités Algériennes (OAA) avant d’être licencié suite à la signature d’une pétition contre le fonctionnement de l’Office. En compensation, il se voit offrir, lui et ses collègues, un stage en France à l’ORTF d’une durée de trois mois - dans les faits, ce séjour dans l’Hexagone durera plusieurs années.
Son stage terminé, il s’inscrit à l’École Pratique des Hautes Études et suit, avec Marc Ferro, le cursus « Analyse de documents cinématographiques du XXe siècle ». Il revient en Algérie en 1973, participe à l’organisation de projections cinématographiques itinérantes dans le cadre d’une campagne de vulgarisation de la Révolution agraire et, dans la foulée, réalise un documentaire Nous et la révolution agraire. En 1974, il co-réalise, pour L’Office National pour le Commerce et l’Industrie Cinématographique (ONCIC), en coproduction avec FR3, le documentaire Tipasa l’ancienne puis, un an plus tard, il est assistant réalisateur sur Le Vent du Sud de Mohamed Slimane Riad avant d’intégrer l’ONCIC en qualité de réalisateur.
En 1976, il réalise son premier long métrage de fiction Omar Gatlato, qui sera présenté, un an plus tard, à la Semaine de la Critique à Cannes et lui conférera une renommée internationale. Suivront Les Aventures d’un héros en 1978 et L’Homme qui regardait les fenêtres en 1982 (dont la sortie française n’aura lieu qu’en 1986). Après un nouveau détour par la France, où il écrit le scénario Parlez après le signal sonore (1985) pour TF1, puis réalise le long métrage Un Amour à Paris (1987) présenté dans la section Perspectives du cinéma français à Cannes, il revient en Algérie en 1988 à la veille des émeutes d’octobre, et enregistre de nombreuses interviews qui seront regroupées sous la forme de trois documentaires : L’Après octobre, Femmes en Mouvements et pour ARTE Vie et mort des journalistes algériens. Deux ans plus tard, il intègre le tout nouveau Conseil National de l’Audiovisuel dont le but est de réformer le cinéma algérien.
En 1992, il réalise un documentaire pour la BBC, Our War, dans le cadre de la série Voices of Ramadan, qui suit des jeunes Algériens après l’intervention américaine en Irak et la défaite de Saddam Hussein. L’année suivante, alors que l’Algérie sombre dans la violence et que les milieux intellectuels et artistiques sont menacés par les répressions religieuses et politiques, il réalise dans une semi-clandestinité Bab El-Oued City présenté dans la section Un certain Regard à Cannes. Contraint de s’établir en France, il y réalise, entre autres, Salut cousin ! (1996) avec Gad Elmaleh, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, et le téléfilm Alger-Beyrouth pour mémoire (1998). A partir de 2001, une fois la situation plus apaisée en Algérie, il alterne productions et coproductions entre les deux pays. Citons, entre autres, Chouchou (2003), Le Repenti (2012), Les Terrasses (2013), Madame courage (2015), et Vent divin.
Zootrope Films
