Winston McAnuff

Fils d’un pasteur inflexible, Winston McAnuff doit son surnom d’« Electric Dread » à ses performances scéniques magnétiques et à sa manière de danser tel un pantin possédé et désarticulé. Il n’obtient que tardivement la reconnaissance publique, au cours de ces dix dernières années. Winston McAnuff est baptisé du nom de son grand-père irlandais, ayant immigré en Jamaïque à la fin du XIXe siècle pour devenir maître d’esclaves, en charge d’une douzaine d’entre eux.

« Filiation pour le moins difficile quand on est un rasta à la peau très noire qui voit un signe mystique dans chaque chose », déclare McAnuff en éclatant de rire. Cette personnalité franche et charismatique incarne de nombreux paradoxes, tout comme la Jamaïque, où il vit, qui est bien plus complexe qu’elle n’y paraît. Né dans les collines du centre de l’île en 1957, Winston McAnuff, comme nombre d’artistes jamaïcains, apprend à chanter à l’église – la sienne ayant été bâtie par son père. Adolescent, il écrit la chanson Malcolm X, qu’il parvient à placer sur l’album de Dennis Brown, Visions of Dennis Brown.

Mais la forte concurrence régnant à l’époque l’empêche de percer. Durant les années 1980, il tente sa chance au Japon avec son frère Tony, batteur, qui a épousé une Japonaise et s’est installé au pays. Tous deux fondent une société d’import-export automobile avec la Jamaïque. Par ailleurs, McAnuff se rend souvent à Miami pour traiter avec un parrain jamaïcain spécialisé dans l’immobilier. À cette époque, il apparaît dans un épisode de DEUX FLICS A MIAMI, dans lequel des Japonais congèlent un faux Bob Marley ! Il se voit interdit de séjour aux États-Unis pour possession de ganja, ce qui met fin à ses fréquents voyages dans ce pays.

Alors qu’il rencontre enfin le succès dans les années 2010, son fils, également musicien, est brutalement assassiné en août 2012. Il met des mois à s’en remettre et c’est la musique qui le sauve. Il compose de magnifiques chansons inspirées par ce drame. Son album A New Day connaît un franc succès en France et il tourne dans différents pays d’Europe, d’Afrique et d’Amérique latine. Winston McAnuff est le premier artiste jamaïcain à décrocher une nomination aux Victoires de la musique. Ce succès récompense un personnage incroyablement enthousiaste, généreux et optimiste.

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