Expulsé successivement du lycée et de la FAMU, Ivan Passer exerce divers métiers, puis travaille pendant plusieurs années comme assistant réalisateur - notamment de Vojtěch Jasný pour Un jour, un chat... (1963) - avant de pouvoir tourner ses propres films. Avec son ami Miloš Forman - dont il est le coscénariste pour L'As de pique (1963) et Les Amours d'une blonde (1965) - il élabore dans les années soixante un nouveau type de film improvisé où la réalité brute du jeu des acteurs, au-delà de l'humour, prend le sens d'un correctif « subversif » à l'idéologie officielle. Dès Un fade après-midi (1964) mais surtout après Eclairage intime (1965), son premier long métrage qui lui vaut une reconnaissance internationale - et qui est probablement le plus beau fruit de toute la Nouvelle Vague tchèque - Ivan Passer se distingue cependant de ses confrères par le lyrisme et la finesse tout intérieure de ses films.
Installé aux États-Unis depuis 1968, il cherche un compromis entre son exigence de poète et les impératifs commerciaux. Il continue à tourner des films de grande qualité, à la fois personnels et professionnellement solides - voire brillants - qui prolongent l'impulsion initiale d'Eclairage intime en une œuvre cohérente. Après l'excellent film noir du milieu de la drogue, Né pour vaincre (1971), et une farce tragi-comique sur le thème des milices parallèles, La Loi et la pagaille (1974), il réalise deux films de commande, Le Désir et la corruption (1975) et Silver Bears (1977), dont le premier est étonnamment inventif et libre. Avec Cutter's Way (1981), il couronne provisoirement sa carrière par une œuvre offrant, une fois de plus, toutes ses principales qualités : l'érotisme, l'humour, la révolte, liées à une discrète mais constante invention formelle et à une fluidité et une finesse de la vision (c'est-à-dire de la mise en scène).
En 1985, il signe Creator, une fable mi-fantastique, mi-nostalgique sur l'amour perdu qu'on espère pouvoir ressusciter par les lois de la biologie et en 1988, Un été en enfer, qui explore les limites de l'univers romantique en imaginant une rencontre estivale en Suisse entre Lord Byron et d'autres intellectuels dont le poète Percy Shelley et sa maîtresse Mary qui va devenir l'auteur du célèbre Frankenstein. Il signe ensuite Pretty Hattie's Baby (1990) et un film biographique, Staline, (1992) pour la télévision américaine. Son dernier long-métrage est L'Arbre à souhaits en 1999.
Malavida