André S. Labarthe

ASL. Trois lettres capitales qui incarnent ce créateur complexe, curieux de tous les domaines intellectuels et artistiques qu’il analyse et explore avec perspicacité, et qui exprime cette érudition dans son domaine : le cinéma en tant que critique, scénariste, producteur et surtout réalisateur. Après des études universitaires en philosophie, André S. Labarthe, né en 1931 dans les Pyrénéesatlantiques, rejoint la rédaction des Cahiers du cinéma dans les années 1950. De son propre aveu, il n’a pas les connaissances cinématographiques ni une passion aussi impérieuse pour le cinéma que Jacques Rivette ou François Truffaut, qui font partie de la revue. Mais son regard critique va décider André Bazin à l’intégrer à l’équipe. Membre discret de la Nouvelle Vague, Labarthe est un esprit solitaire, ouvert sur le monde, associant librement le cinéma à la psychanalyse, au surréalisme, à la danse, à la littérature et à l’érotisme.

En 1964, il coproduit avec Janine Bazin la série Cinéastes de notre temps, dont il réalise plusieurs sujets, notamment sur Abel Gance, Jean-Luc Godard, Marcel Pagnol, John Ford, Raoul Walsh, Samuel Fuller, Josef von Sternberg, Pierre Perrault, Jerry Lewis, John Cassavetes, George Cukor, Alain RobbeGrillet, Jean-Pierre Melville et Norman McLaren. Cette collection diffuse par la télévision la vision critique des Cahiers et ancre davantage sa lecture de l’histoire cinématographique. Interrompue en 1970 puis reprise par ARTE en 1989 sous le nouveau titre Cinéma, de notre temps, la série s’étendra sur plus de quarante ans avec près d’une centaine de titres. Dans cette deuxième période, ASL consacrera des portraits à Martin Scorsese, Claude Chabrol, Nanni Moretti, Éric Rohmer, Georges Franju et David Cronenberg, notamment.

Parallèlement, il collabore à l’émission Cinéma Cinémas de 1982 à 1987 ainsi qu’à de nombreux magazines télévisuels consacrés à la danse, à la peinture, au théâtre et plus récemment, à la littérature, avec la collection Un siècle d’écrivains. Les films d’ASL sont reconnaissables : si ses fictions ont un fond documentaire et s’il y a souvent un peu de fiction dans ses documentaires, ils ont toujours une approche originale, un regard personnel, un commentaire attachant, parfois une touche onirique, toujours de la complicité et une tendresse cachée.

Festival International du Film sur l'Art (Le FIFA)