Denis Diderot

La vie de Diderot
Né à Langres, dans la Haute-Marne, fils d'un artisan coutelier à grande rigueur morale, Diderot eut un frère prêtre et une sœur religieuse qui mourut folle au couvent des Ursulines à vingt-huit ans ; Diderot fut lui-même tonsuré à treize ans. Parti pour Paris à seize ans afin d'y devenir jésuite, il se passionne pour les Arts, épouse secrètement une lingère en 1743 (son père lui a refusé l'autorisation) qui restera sa compagne jusqu'à sa mort. Il dévore des ouvrages de médecine, des encyclopédies. Touche à tout, il a signé des œuvres philosophiques mais aussi des contes, entretiens, dialogues, réflexions, une correspondance littéraire avec Grimm, des romans, des pièces de théâtre. Également critique d'art, négociant en tableaux pour Catherine II de Russie, il publie des commentaires esthétiques intitulés Salons. Sa Lettre sur les sourds et les muets (1751) égrène les richesses des sensations émises par la musique et souligne la particularité de chaque art, tous développant un type d'expression différent des autres. Débat sur le profil du citoyen idéal, Le Neveu de Rameau (écrit entre 1762 et 1773, car il ne cesse de peaufiner ses œuvres) oppose un philosophe et un matérialiste provocateur. Fondé sur la digression, Jacques le Fataliste (1764-1784) dont Robert Bresson s'est en partie inspiré pour ses DAMES DU BOIS DE BOULOGNE (1945) est un roman de critique sociale dans lequel il réfléchit sur le relativisme moral, la critique de l'Église, le matérialisme ou la sexualité, et où il affirme que rien n'est irrémédiable. Le Paradoxe sur le comédien (rédigé sous forme de dialogue entre 1773 et 1777 et publié à titre posthume en 1830) est un essai sur le théâtre rédigé sous forme de dialogue dans lequel il soutient qu'un bon acteur est celui qui est capable d'exprimer une émotion qu'il ne ressent pas. Il y oppose l'art de « jouer d'âme », axé sur le ressenti, et l'art de « jouer d'intelligence », axé sur le paraître.

Sa philosophie
Outre sa lutte contre le fanatisme et la superstition, la philosophie de Diderot exprime une vision matérialiste du monde teintée de spiritualisme. Apôtre d'une énergie en toutes choses, dévoré de passions (il s'oppose à Pascal, réfute l'ascétisme), il est gourmand d'idées, de femmes, de nourriture, mais défend avec force le culte de la vertu, sans nécessairement la lier à la religion : juste et injuste, bien et mal sont à ses yeux des notions naturelles. Il défend la thèse que sensibilité et morale sont fonction de facteurs biologiques et sociaux, que les goûts, les désirs, les façons de vivre découlent de l'hérédité, de l'éducation autant que du hasard.

Dates importantes
1742 : Rencontre Jean-Jacques Rousseau. Quinze ans d'amitié et d'échanges philosophiques, ponctués par une brouille retentissante en 1770.
1747 : Début de l'écriture de L'Encyclopédie, ouvrage majeur qu'il mettra vingt ans à achever, rédigé avec Jean le Rond d'Alembert. Il s'agit d'une série de réflexions sur la connaissance dans lesquelles il prône l'étude de la physique, de la chimie et des sciences naturelles, sciences à ses yeux moins abstraites que les mathématiques.
1749 : Sa Lettre sur les aveugles qui réfute l'idée que le spectacle de la nature prouve l'existence de Dieu lui vaut d'être incarcéré à Vincennes.
1755 : Rencontre avec Sophie Volland, qui devient son âme sœur, et début d'une liaison clandestine alimentée par une vaste Correspondance.
1796 : La Religieuse, entamé en 1760 et dont la version finale est publiée à titre posthume.

Le Pacte