Résumés(1)

Visant à lutter contre toute synchronisation entre l’image et le son, ce film présente une succession d’images banales et de found footage, auxquelles viennent s’ajouter des poèmes lettristes, issus d’un courant littéraire privilégiant la valeur poétique et sonore des mots à leur signification. (LaCinetek)

Critiques (1)

Dionysos 

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français Paradoxe (reconnu par son auteur !) : le lettrisme, héritier du dadaïsme et du surréalisme, s'est opposé (entre autres) à la valeur sémantique même du mot, s'est concentré sur son existence matérielle dépourvue de sens et a laissé les mots, les lettres, leur forme et leurs sons jouer un rôle principal. Dans le "Traité de bave et d'éternité", cependant, le mot littéraire, reconnu comme étant romanesque, assume le rôle de créateur de sens et c'est l'image qui est détruite jusqu'à la moelle de sa futilité matérielle. Ce film se déroule donc sur trois niveaux : le récital (d'abord théorique, puis roman), le flux d'images sans lien et enfin la plaque tectonique subconsciente de la musique lettriste - dont l'essence, tout comme dans la poésie lettriste que Isou fait également retentir, est onomatopéique et extrêmement joyeuse dans sa pureté sonore. L'auteur affirme clairement que le mot doit prévaloir - l'image doit être écrasée par celui-ci, le mot ne doit plus simplement compléter/correspondre à l'image et vice versa. Certaines personnes pourraient se plaindre (tout comme les opposants dans le film, avec lesquels Isou comptait dès le début) que le film est non-filmique - après tout, il pourrait s'en passer d'éléments visuels. En effet, les images ajoutent généralement une nouvelle dimension aux mots, mais presque jamais l'inverse. La question est cependant de savoir si ces mêmes opposants ne se plaignent pas également devant des films du type "Arnulf Rainer", etc., en disant que ce n'est pas un film (bien qu'il repose sur le même principe que le lettrisme vis-à-vis du mot) parce qu'il ne transporte pas de sens, qui ne se forme pourtant que par le biais du langage... /// Quoi qu'il en soit, en 1951, Isou a devancé tous les autres d'au moins une décennie et ses principes de base du cinéma (disjonction entre l'image et le son, autonomie de la force matérielle de l'image par rapport au discours, etc.) constituent la base de tous les véritables films artistiques modernes. ()