Invisible Adversaries

La femme et sa folie de ne pas coïncider avec l'image du monde qui l'entoure, et en plus d'une critique féministe compréhensible et explicite (putain, l'idée que Valie Export fasse un film dans le style d'Ed Wood, putain !), ce qui est le plus intéressant, c'est sa manière de saisir (même de manière autobiographique) l'art comme critique et moyen artistique dans le mécanisme du film lui-même. Car la schizophrénie de l'héroïne principale résulte précisément de la division de la réalité en sa composante "normale" unidimensionnelle et une copie (dé)doublée, visible seulement à travers l'objectif de l'appareil photo, respectivement à travers l'angle de vue de l'art engagé. Et le personnage principal, appliquant ses propres procédés artistiques sur elle-même (et ainsi se causant la schizophrénie), se retrouve de plus en plus sous le joug des "adversaires invisibles", qui progressivement remplacent les êtres "normaux" et les situations par eux-mêmes, parce que le personnage principal/l'artiste détourne son regard de la perception normale du monde au profit de l'art et c'est uniquement à travers cela qu'elle est capable de voir cette composante "invisible" (mais déterminante). Export entrelace donc logiquement le film avec des séquences indépendantes, sans lien nécessaire avec l'ensemble de l'histoire. (09/11/2016)