Mujô

Bien que cela puisse ne pas être évident immédiatement, surtout en raison du thème de l'inceste, les véritables protagonistes sont, à côté du jeune nihiliste Masao, son ennemi spirituel, mais aussi son alter ego, le moine Ogino. Tout le film est construit sur le contraste entre ces personnages - un film sur la transgression des conventions de comportement et surtout de l'imagination - dans lequel le moment culminant et éclairant pour le spectateur, comme l'a souligné l'utilisateur "stub", est la confrontation finale des deux adversaires. C'est là que le film est le plus intéressant - son attaque contre la religion, dans laquelle se révèle le culte des symboles bouddhistes comme une adoration de son propre désir refoulé et caché (souvent très pervers, même chez les plus purs, comme l'illustre l'intrigue avec le sculpteur de statues sacrées). Les espaces sacrés (le monastère, le lieu des moments incestueux les plus beaux) et les objets (les statues) sont précisément le signe, le symbole, le signifiant de ce désir, qu'ils doivent dissimuler en raison de leur nature en tant qu'objets intouchables (physiquement et mentalement) et parfaitement purs. Mais comme nous pouvons le constater, ils n'y parviennent pas totalement, et nous pouvons alors observer deux stratégies pour faire face à cette incertitude de la vie qui découle de ce fait : soit un cynisme conscient, comme Masao, soit comme un moine lâche, littéralement enfui en vain devant la prise de conscience de son propre désir, et donc de sa faiblesse, qu'il avait essayé d'évincer en cherchant refuge dans les conventions de la société et de la religion. /// Le film est également très marqué par son aspect formel, notamment par la caméra - il utilise pratiquement toutes les techniques du catalogue de caméra de l'époque. (25/02/2015)