Georges Auric

Georges Auric est né à Lodève en 1899. Il fait ses premières études musicales au conservatoire de Montpellier puis entre au conservatoire de musique de Paris où il est l’élève de Georges Caussade en contrepoint et fugue. Il étudie la composition avec Vincent d’Indy (dévot de César Franck et de l’école allemande de composition symphonique) à la Schola Cantorum de Paris. À partir de 1915, il fréquente Igor Stravinsky et, avec un certain intérêt pour l’avant-garde, se lie d’amitié avec Erik Satie dont il s’inspirera pour ses premières compositions. Puis, il rejoint le groupe des Six avec Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc, Louis Durey et Germaine Tailleferre.

Après s’être tourné vers la critique musicale pendant une courte période, il commence à composer avec eux des pièces à la teneur poétique. Ensemble, autour de Jean Cocteau (qui dédiera à Auric Le coq et l’Harlequin), ils comptent bien faire front aux musiques Wagnériennes ou impressionnistes de Claude Debussy, entre autres. Ils privilégient les mélodies et créent nombres d’œuvres sur ce postulat de départ. Le cinéma fera souvent appel à ces jeunes compositeurs de sensibilités différentes. Il apportera à ce groupe d’amis une sorte de cohésion dont il a immédiatement su profiter. Ils se réunissent ainsi chez les uns ou les autres, ou se retrouvent dans un atelier occupé par Picasso ou Matisse, avant de se produire sur les conseils de Jean Wiener dans le bar « Gaia » qui deviendra à l’occasion Le bœuf sur le toit. Seules deux œuvres communes seront créés par les six compères, Album des six en 1920 puis Les mariés de la tour Eiffel sur un texte de Jean Cocteau en 1921.

Georges Auric composera aussi des musiques pour les ballets russes dont Les Fâcheux (1923) d’après Molière, Phèdre puis Les Matelots (1924), et Pastorale (1925). En 1924, il est admis à la société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM) qu’il dirigera à partir de 1954, succédant ainsi à Arthur Honegger. C’est par le biais de son ami Jean Cocteau qu’il entre dans le monde des compositeurs de musique de film avec Le sang d’un poète.

Des années 30 à la fin de la guerre, il travaille avec de nombreux réalisateurs français et sera révélé en 1931 grâce à son travail pour René Clair sur le film A nous la liberté, pour lequel il est impliqué dans toutes les étapes du tournage. Citons aussi, entre autres, Entrée des artistes de Marc Allégret en 1938 et L’éternel retour de Jean Delannoy en 1943, sur un scénario de Jean Cocteau. Puis, Il s’intéresse à ce que font les Anglais au cinéma. Son premier score britannique est celui de Dead of Night (1945), un film d’horreur singulier et novateur. La même année, il signe la partition de la comédie de Bernard Shaw, César et Cléopâtre (1945), avec Vivien Leigh.

1946 est l’année de son partenariat musical le plus célèbre avec Cocteau, La Belle et la Bête. La musique obsédante et tamisée d’Auric au cinéma est typique de son style d’orchestration inventif dans lequel il peut n’utiliser que quelques instruments à la fois dans un passage particulier, comme finalement employer toute l’instrumentation orchestrale dans une progression qui transmet toute l’émotion adéquate. Elle apporte une ambiance atmosphérique parfaite pour l’étrange classique de l’horreur britannique, La Reine des cartes (1949). Suivront des comédies anglaises remarquables du studio Ealing : Passeport pour Pimlico (1949), De l’or en barres (1951), ou encore Tortillard pour Titfield en 1953.

Georges Auric travaillera régulièrement avec Jean Cocteau, pour les films Orphée ou encore L’Aigle à deux têtes. En 1952, il compose pour John Huston Moulin Rouge, l’une de ses compositions les plus célèbres. Une autre partition américaine d’Auric montre très bien son talent à transcrire musicalement les nuances et les changements d’ambiance d’une histoire : la comédie aigre-douce Vacances romaines (1953), réalisée par William Wyler et interprétée par Audrey Hepburn, pleine de vivacité.

Au cours des années 1950 et jusque dans les années 1960, Georges Auric se consacre principalement à des compositions pour des films français pour les plus grands réalisateurs d’alors : Le Salaire de la peur de H.G. Clouzot (1953), Du rififi chez les hommes de Jules Dassin (1955), Lola Montès de Max Ophuls (1955), Gervaise de René Clément (1956), Les Espions de H.G. Clouzot (1957), ou encore La Grande vadrouille de Gérard Oury en 1966. Parallèlement, il continue à travailler pour des films en langue anglaise dont Heaven Knows, Mr. Allison (1957) avec Deborah Kerr, puis Bonjour tristesse d’Otto Preminger en 1958, Aimez-vous Brahms d’Anatole Litvak (1961), et – de nouveau avec Kerr – Les Innocents (1961), adaptation de l’effrayant roman de Henry James, Le Tour d’écrou.

A la fin des années 1960 et sporadiquement au milieu des années 1970, Auric compose quelques partitions supplémentaires, principalement pour la télévision française, mais il est essentiellement occupé à partir de 1962 en tant que directeur de l’Opéra de Paris. Offrant une finesse unique à la musique de film, George Auric a contribué à près de 130 partitions, le plaçant aux côtés de certains des compositeurs de films hollywoodiens contemporains les plus prolifiques. Georges Auric était un « touche à tout » qui savait innover et aller là où peu s’étaient aventurés, le groupe des six étant un exemple. Il a montré la voie à d’autres compositeurs de musique de film. Georges Auric est mort le 23 Juillet 1983, à l’âge de 84 ans.

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