Réalisation:
Hans-Jürgen SyberbergPhotographie:
Dietrich LohmannActeurs·trices:
Harry Baer, Hellmut Lange, André Heller, Peter Kern, Heinz Schubert, Johannes Buzalski, Peter Lühr, Peter Moland, Alfred Edel, Rainer von Artenfels (plus)Résumés(1)
Au commencement… l’image du paradis de Louis II de la résidence de Munich. Un narrateur parle des trente héritiers qui ont des prétentions légales à la paternité d’Hitler, et explique que tous les personnages du film sont fictionnels, librement inventés, toute ressemblance avec des personnes vivantes ou mortes étant pure coïncidence. Nous sommes donc libres de construire notre propre monde. On voit une petite fille habillée de noir, figure récurrente dans les quatre parties du film, jouer avec des marionnettes de Louis II et d’Hitler pendues à un gibet. Elle se lève et s’en va au loin avec un jouet dont le corps est celui d’un chien, et le visage celui d’Hitler. Sur fond de projection de « Caligari », elle dépose la marionnette Hitler dans un berceau. Le diable apparaît, se penche sur le berceau et se transforme en aigle noir. (La Pellicule Ensorcelée)
(plus)Critiques (1)
Grande opéra expérimentale sur les faits, chronique artistique des rêves et des cauchemars d'une nation et d'une Europe; un studio de cinéma tel un théâtre de l'histoire, dans les coulisses duquel prend vie l'imaginaire de la nation allemande et les idées du réalisateur et scénariste sur la manière de comprendre l'époque, le passé et le sien. Parce que le film est controversé surtout parce qu'il montre la culpabilité de tous dans la création du personnage d'Adolf Hitler, un personnage plutôt issu d'une tragédie mégalomane que de l'histoire réelle - un personnage qui s'élève de la tombe de Richard Wagner, écrit dans le scénario par toute la civilisation européenne. De l'irrationalisme du romantisme, des fantasmes du nationalisme, de la mort des empereurs et Dieu, du désir de la bourgeoisie pour la sécurité et la gloire, et des ouvriers pour une voix à travers le prophète de jours meilleurs, de la domination de l'économie qui enfante des masses sans âme, qui n'ont pas résisté à la séduction du sacré, de la race, de la grandeur, de la communauté. Et comme le montre Syberberg, même l'après-guerre engendre une fascination pour ce titan, qui, au milieu de Disneyland (transformée en Europe après la mort de toutes les valeurs transcendantes traditionnelles, dont la mort a été tant accélérée par Hitler), est un excellent source de revenus pour les nouvelles masses (dans l'ensemble, l'œuvre m'a semblé fortement inspirée par Arendt et son "Origine du totalitarisme"). Nous pouvons être d'accord ou non, mais l'œuvre est très stimulante. /// Syberberg utilise une multitude de techniques et de genres, de la réflexion philosophique à la reconstitution factuelle des événements historiques et surtout de la personnalité d'Hitler, de l'abstraction intellectuelle à l'aperçu poétique, de la ballade nostalgique à la satire ironique. Les décors et les arrière-plans prennent forme grâce à la projection arrière, matérialisant les sentiments et les pensées, les rêves et les fantasmes, et incarnant ainsi au mieux l'époque révolue, qui a laissé transparaître le fantôme du peintre méconnu, du lecteur de Karl May et de l'amoureux de Wagner. ()